Girish Patel : un poète presque lyonnais
poète

Lors du Printemps des Poètes en mars dernier, j’ai rencontré Girish. Girish faisait parti de ces quelques poètes lyonnais qui avaient été choisis pour lire leurs vers lors d’une soirée dédiée aux poètes d’aujourd’hui. Touchée par sa prose ainsi que par sa singularité, j’ai choisi de passer un moment avec lui pour en savoir un peu plus sur son rapport à la poésie, mais aussi à la ville de Lyon !

N’étant pas originaire de Lyon mais y habitant depuis maintenant presque quatre ans, je me suis éprise de cette ville si particulière. Je me suis passionnée pour son histoire et les personnes qui ont participé à sa renommée. C’est lors de ma rencontre avec Girish Patel, étudiant mais également poète, que j’ai eu le plaisir de découvrir que la ville de Lyon et ses habitants avaient encore de belles expériences poétiques à faire partager.

Un poète pas comme les autres

Girish Patel est né à Jaipur dans le Nord-Ouest de l’Inde. Après des études en sciences politiques, il s’installe dans le sud de la France, à Montpellier. C’est à la fin de ses 3 ans d’études qu’il se rend à Lyon où il étudie en Master de Relations internationales, sécurité et défense dans le but d’œuvrer dans une ONG. Alors que je lui demande comment lui est venue l’idée de commencer à écrire de la poésie, il me confie que c’est en parlant d’art avec un ami. C’est uniquement à partir de ce moment, il y a donc 3 ans, qu’il s’aventure à lire la poésie des plus grands comme Rimbaud, Baudelaire ou encore Hugo.

En effet, Girish Patel sort d’un profil dit « classique » : avant de venir en France, il n’avait jamais eu l’idée d’écrire ou même de lire de la poésie. Il nous avoue avec un petit sourire gêné que ça ne l’a même jamais intéressé de lire de la poésie indienne, mais qu’il y viendra sûrement un jour. Mais Girish est très heureux de me dire qu’il a tout de même fait beaucoup de théâtre et qu’il a notamment joué Les Fourberies de Scapin de Molière alors qu’il était encore en Inde.

À ses premiers pas en tant que poète, ses parents ne le croyaient pas, preuve que Girish entretient un rapport très secret et personnel à la poésie, presque comme une révélation, qui lui serait d’ailleurs venue du fait de sa venue en France.

L’air shakespearien

Il faisait tout noir

Prendre le départ pour l’art,

On nous a dit de nous asseoir.

Ressentiment de l’air shakespearien,

Qui venait de quelque part.

J’étais sur le dernier échelon,

Côté droit, quand on est juste en face.

Le sommeil me tirait,

Et le Shakespeare m’attirait.

Un travesti nous a menés,

Dans le voyage d’Hamlet jusqu’à Jules César.

Dans un bateau des monologues,

Mais moi, je me baignais à son bord,

En essayant d’attraper ce bateau,

Mais le sommeil me disait qu’il était très tôt.

 Girish, l’homme qui faisait rimer Lyon et inspiration  

Girish découvre Lyon il y a deux ans, depuis, il n’a pas arrêté de parcourir ses recoins. Au cours des cinq premiers mois où il s’y installe, il publie deux recueils de poésie : Les petits plaisirs de la vie… que j’ai ressentis et Par-ci, Par-là… j’ai pris l’air poétique, tous des deux publiés en 2016 chez Atramenta.

Comme l’explique Girish, ces deux recueils s’apparentent à un condensé de comptes rendus poétiques d’impressions, de moments de joie ou d’interrogation qui bien souvent sont déclenchés par notre belle ville de Lyon. Il me raconte le bonheur que ça a été pour lui de découvrir le Vieux-Lyon et la Croix-Rousse, qui sont pour lui les deux quartiers qui lui permettent le plus de se lancer dans l’écriture. Alors qu’il arpente les rues, il me raconte qu’il lui est arrivé d’écrire 150 poèmes en quelques mois.

Une soirée dans un bar irlandais

Cela a été presque étrange

De commander du vin

Dans un bar irlandais.

Le menu est commencé par la blonde,

Et est terminé par l’ambrée.

Le verre d’eau était si frais,

Demandé par une compagne à moi,

Et j’ai eu l’impression

Qu’il allait remplir ce verre

En Irlande d’une rivière.

J’ai eu ce sentiment,

Quand j’ai vu les larmes de soif

Qui sont souillées par ce verre.

L’autre côté !

La bière flottait dans la salle,

Puis je me disais,

Que l’oxygène s’était alcoolisé.

Bref, ce fut une soirée

Drôle, à l’irlandaise,

Et vécue par moi et une française. 

Lyon, une ville qui veut du bien à la poésie

Girish Patel a eu la chance d’être bien accompagné durant tout son périple de jeune auteur. Il a tenu à me parler de la coordinatrice culturelle de l’Université Lyon III qui fut l’une des premières à croire en lui. Celle-ci lui permit de se faire connaître auprès de l’Espace Pandora à Lyon qui se définit lui-même comme « un outil de promotion de la littérature contemporaine ». L’espace Pandora est l’organisateur missionné du Printemps des Poètes, et c’est donc à cette occasion que je rencontrai Girish (allez faire un tour sur leur site si jamais vous êtes un curieux). L’Espace Pandora produit une revue annuelle qui recense les nouveaux poètes français et Girish me dit en un sourire qu’il figurera au prochain numéro.

Un homme inconscient

Un homme vivait flottait,

Comme un mort inconscient,

En étant inconscient,

Il rêvait d’un rêve conscient.

Dans son rêve, il était un bateau sans personne,

Il avançait sans but.

C’était son rêve d’être un bateau libre,

Comme un oiseau dans le ciel,

Comme un poisson dans l’eau,

Et comme de l’eau dans la mer.

Après un moment,

En entendant des bruits étranges,

Il s’est réveillé,

Il est revenu sur terre pour faire face à la réalité.

Avant de nous quitter, Girish nous confie que son prochain recueil sera consacré au cinéma, une autre passion qu’il s’est découverte ! On l’attend avec impatience.