Ce que le numérique a changé de la culture

La semaine dernière, nous vous faisions le compte-rendu d’une conférence de l’Université Lyon 2 sur le thème « Culture : vers la fin des subventions ? » (à lire ici). Au cours de celle-ci, les intervenants avaient quelque peu dévié du sujet, interrogés sur l’impact du numérique sur le secteur culturel en France… Une vaste question.

La médiation culturelle

« Cela a beaucoup bougé du côté de la médiation, notamment dans les musées. Au Musée Tony Garnier, on peut télécharger sur son smartphone les explications des murs peints qu’on présente. Par rapport au nécessaire rajeunissement des pratiques culturelles, je crois que cette dimension numérique est importante. »
Jacques Bonniel, président du Musée urbain Tony Garnier

La question de la connaissance

« J’écoutais un groupe de hip-hop quand j’avais 15 ans. A l’époque, il fallait que j’aille à la Fnac acheter des disques plus ou moins au hasard, parce qu’il n’y avait pas de borne d’écoute. Parfois je tombais sur des trucs biens, et parfois sur des trucs qui n’étaient pas géniaux. Aujourd’hui, si je parle d’un groupe à quelqu’un, je n’ai plus qu’à aller sur une plateforme comme Deezer ou sur le site du groupe pour lui faire écouter ce que cela donne à peu près. Cette question de la connaissance a énormément évolué avec le numérique. »
Romain Blachier, adjoint au maire du 7e arrondissement de Lyon en charge de la culture, des événements et du numérique

La billetterie

« Sur la billetterie, le numérique a tout changé. Les acteurs culturels ont de plus en plus de possibilités d’avoir une billetterie indépendante. Le public peut maintenant faire des réservations par avance pour un événement : s’il pouvait le faire auparavant à la Fnac, il peut maintenant le faire de chez lui. Il a également de plus en plus de connaissances et de possibilités de réservation sur un événement lointain. »
Romain Blachier

Le financement du secteur musical

« Avant, la musique se finançait essentiellement sur la vente de supports physiques, les CD entre autres. Aujourd’hui, les supports numériques rapportent très peu d’argent : un peu de recette en streaming, un peu de vente d’albums sur iTunes et les autres plateformes. Mais c’est le live, aller voir un artiste sur scène, qui rapporte quelque chose. Cela a fait évoluer les prix des concerts, et la manière dont sont faits les festivals et les tournées. Le live, c’est-à-dire le fait de faire ou non du concert, pose aujourd’hui de nouveaux enjeux. »
Romain Blachier

La démocratisation de la pratique de DJ

« Il y a une caricature brésilienne, très marrante, qui circule dans le monde des DJ. Quelqu’un dans la salle demande « Qui est DJ ? » alors vous voyez tout le monde lever la main. « Et qui mixe avec du vinyle ? » et vous avez à peine un type qui lève la main. Pourquoi ? Parce qu’aujourd’hui, vous vous retrouvez avec de la création musicale accessible très facilement. »
Romain Blachier

La facilité de contact et d’accès à l’information

« Le numérique supprime des barrières. Face au fouillis administratif, il permet d’avoir plus rapidement accès aux informations et aux interlocuteurs. Alors qu’auparavant il devait se déplacer, un acteur culturel peut à tout moment chercher quels types d’aide existent et les personnes qu’il souhaite contacter. Lorsqu’on est en recherche de subventions, cela permet d’être sur plusieurs demandes à la fois et d’avoir une information un peu plus transparente. »
Romain Blachier

Le streaming et le cinéma

« On va vous expliquer que le stream ou le piratage flinguent le cinéma. Et puis, vous vous retrouvez avec des entrées records il y a deux ans. Il y a eu un record d’entrées alors qu’on vous expliquait que des plateformes comme DpStream étaient en train de tuer le cinéma. C’est effectivement un petit peu questionnant. »
Romain Blachier

Et les domaines où rien (ou presque) n’a changé

« Il y a des industries pour lesquelles le numérique n’a pas changé grand-chose. Au théâtre, il n’y a pas eu d’évolution extrêmement majeure, sauf peut-être l’apparition du théâtre augmenté. Dans certains domaines musicaux précis, comme la musique baroque, ça n’a pas non plus changé grand-chose, puisque les gens continuent d’acheter des disques physiques. »
Romain Blachier

Et vous, avez-vous repéré d’autres changements majeurs du domaine culturel à cause, ou grâce, au développement massif des nouvelles technologies ?