Fête des Lumières annulée : l’EI assassine la culture

Jeudi 19 novembre, le maire de Lyon Gérard Collomb a confirmé la véracité de la rumeur qui courait, en annonçant l’annulation de la Fêtes des Lumières 2015.

Une seule catégorie de personnes est satisfaite : certains Lyonnais de longue date qui connaissent la Fête depuis toujours, et qui ne supportent pas de voir leur ville envahie par une horde de touristes déchainés qui les empêchent de rentrer chez eux en centre-ville. Toutes les autres personnes sont, au choix, déçus ou au bord de la crise de nerfs. Est-il besoin de préciser que je fais partie de cette dernière catégorie ?

Là, nous laissons gagner l’État Islamique. Dans le dernier édito publié le lendemain des attentats, j’appelais chacun à continuer à vivre sa vie à fond, puisque l’EI cherche à détruire tout ce qui nous procure de la joie, et avant tout ici la culture.

La Fête des Lumières, née comme une fête religieuse en l’honneur de la Vierge Marie, est devenue une fête pour tous et une occasion d’illuminer les bâtiments emblématiques de la ville de Lyon. Des artistes du monde entier viennent présenter leurs prestations, œuvres et compositions lumineuses, offrant un spectacle magnifique que l’on ne peut voir nul part ailleurs.

En décembre 2014, on a pu voir les adorables Anooki réveiller les façades de l’Opéra de Lyon, suivre l’histoire de deux géants tout en LED sur les berges, ou admirer le Parc de la Tête d’or reconverti en aquarium à ciel ouvert, avec des poissons géants voltigeant dans les airs.

La Fête des Lumières nous emmène dans un univers plein de couleurs et d’étincelles, nous replonge en enfance et apporte des étoiles dans les yeux de tous.

Le succès de l’événement a pris une telle ampleur que d’autres villes ont décidé de reprendre le concept, en partenariat avec Lyon : parmi elles, New York a lancé en 2014 la première édition du New York Festival of Light en plein cœur de Brooklyn, tandis que Berlin a accueilli son onzième Festival of Lights en octobre dernier.

Cette année, les élèves dépassent le maître, puisque seules les copies étrangères de la Fête des Lumières auront ou ont eu lieu (si elles n’ont pas été annulées également comme c’est le cas pour New York).

La version berlinoise de la Fête des Lumières, du 9 au 18 octobre dernier
La version berlinoise de la Fête des Lumières, du 9 au 18 octobre dernier

L’État Islamique et ses attentats sont bien évidemment la cause de l’annulation d’un si grand et prestigieux événement culturel. L’organisation terroriste la plus puissante actuellement arrive parfaitement à ses fins : détruire notre joie de vivre, nos loisirs, notre culture, nos divertissements, notre art, notre liberté.

Pour justifier cette annulation, le maire de Lyon se contente des mots « raisonnable » ou « prudence » : ils font partie des nombreux mots auxquels je (sans être la seule) suis devenue allergique ces derniers jours.

Non à la prudence ! Non au renoncement ! Vivons ! Et en prime, vivons libres et cultivés.

Il est hors de question que nous nous laissions vivre dans la peur constante. Reprendre ses habitudes, continuer à faire grandir nos projets, voici la nouvelle forme de résistance. Soyons des résistants. Notre État reste français, pas islamique. Aux dernières nouvelles, nous ne faisons pas encore partie de leur abominable empire.

Quoi qu’il en soit, à l’heure qu’il est, nous n’avons clairement pas notre mot à dire. Le choix de l’annulation de la Fête des Lumières 2015 est définitif. Nous allons donc nous contenter de rendre un bel hommage, le 8 décembre prochain, aux victimes des attentats de Paris. Gérard Collomb appelle à rendre Lyon plus lumineuse que jamais, notamment en mettant des bougies à chaque fenêtre. On pourra faire une bonne action en achetant lesdites bougies, ou habituels Lumignons du cœur, à l’association Rêves qui exauce les souhaits d’enfants atteints de graves maladies.

Le 8 décembre, cette date habituellement très festive, joyeuse et artistique, sera cette année réservée aux hommages et à la tristesse. Autrement dit, on remue le couteau dans la plaie, encore et encore.