Expo : Impressions premières – La page en révolution, de Gutenberg à 1530
Imprimerie

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Rabelais, Gutenberg, Gryphe, Du Bellay, Labé… ces noms vous disent forcément quelque chose si vous avez l’âme d’un littéraire ou que vous habitez à Lyon. Tous sont en effet reliés au monde de l’imprimerie à Lyon. La BML vous invite à entrer dans ce monde, et plus spécifiquement au travers d’un cheminement, celui du manuscrit au livre imprimé.

La BML (Bibliothèque Municipale de Lyon) propose du 30 septembre au 21 janvier 2017, une exposition qui retrace l’évolution du livre manuscrit au livre imprimé. De la vulgate de Gutenberg en 1455, aux dernières œuvres humanistes, l’exposition offre un panorama sur les permanences et les ruptures dans la présentation graphique des textes, à une époque propre aux changements. Ce qui ne peut que nous renvoyer à notre propre époque, avec la révolution numérique.

Lyon, capitale littéraire

Pour cet événement, la BML est en partenariat avec la ville de Leipzig, deux villes à l’histoire littéraire riche. En effet, depuis le début de votre scolarité, vous n’avez pas pu passer à côté de Gutenberg et des humanistes qui s’arrêtaient à Lyon, ville qui a fait office d’épicentre quant à la question de diffusion du savoir au XVIe siècle. Vers 1500, Lyon compte comme une des principales villes européennes de l’imprimerie.

Au milieu du XVIe siècle, de 500 à 600 personnes vivent de l’imprimerie à Lyon. On compte une centaine d’ateliers vers l’actuelle Rue Mercière. De nombreux centres d’impression à caractère mobile s’y développent. Cette nouvelle technique a comme principal atout de produire un nombre important d’exemplaires en un temps réduit et un coût bien inférieur à celui du manuscrit. Du fait du développement de cette activité, les humanistes se rejoignent à Lyon pour être dans les premiers à profiter de cette nouveauté qu’est le livre imprimé. Celui-ci a de profondes répercussions sur les plans technique, économique, culturel, religieux mais aussi esthétique.

Mutations de la page

Vers 1480, le livre imprimé est déjà devenu un objet courant chez les lettrés et est très utilisé dans le domaine universitaire et savant. La production de manuscrits est désormais en forte baisse et ils sont réservés à une élite comme les collectionneurs. Le livre imprimé met beaucoup de temps néanmoins à se détacher du modèle du manuscrit du point de vue de la mise en page. L’exposition se déroule un peu comme un parcours : de la Bible de Gutenberg (vers 1455), considérée comme le premier livre imprimé en Occident, jusqu’à des ouvrages de 1530, retraçant ainsi les mutations au fil des années.

Les premiers ouvrages imprimés reprennent de manière naturelle les codes du manuscrit, soit : une page très chargée, sans espaces. De plus, les premiers livres imprimés reprennent le type d’écriture dit gothique qui reste développé même au début du XVIe siècle. Pour faire simple, les grands changements vont s’opérer au niveau de la densité et disposition du texte ; de la division de celui-ci ; des repères dans le texte ; de l’apparition progressive de la ponctuation et du passage du gothique aux caractères romains. La page, et le livre de manière générale, est fait et pensé pour un apprentissage moins fastidieux et donc non plus seulement réservé aux élites mais bien à tout le monde. De même, les pages sont de plus en plus souvent agrémentées de gravures. Celles-ci ont tout aussi bien un rôle d’ornement qu’un rôle instructif, le tout rendant la lecture beaucoup plus facile et agréable.

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Biblia latina dite « Bible de Gutenberg » ou « Bible à 42 lignes » (vers 1455)

 

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La Bible en Françoys, Qui est toute la saincte Escriture… (1547)

Une exposition tripartite

L’exposition est divisée en trois parties : les récits, les savoirs puis les commentaires. Ce qui est intéressant, c’est la manière dont ces trois types de livres ont chacun évolué de manières distincte, en respectant leur genre, mais toujours dans un souci de démocratisation. Par exemple, les livres « commentaires » utilisaient une forme « encadrante », c’est-à-dire que la phrase à commenter était au milieu de la page, et le commentaire autour. Les humanistes, désireux de revenir aux sources des textes, dépoussièrent les œuvres et les commentaires pour les placer aux marges sans couper le texte de base, à la fin du livre, voire dans une œuvre annexe.

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2 – Biblia latina, cum glosa ordinaria Walafridi Strabonis et interlineari Anselmi Laudunensis (avant 1480)

 

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Aresta amorum. Cum erudita Benedicti Curtii Symphoriani explanatione – Commentaire par Benoît Le Court, à Lyon, Sébastien Gryphe (1533)

De Gutenberg à la tablette  

Ce n’est que dans les années 1530 que le livre imprimé trouve son autonomie par rapport au manuscrit. Le XVIe constitue donc une période de grands changements dans l’histoire du livre, ce qui ne peut que nous rapporter à la révolution que nous sommes actuellement en train de vivre : la révolution numérique.

Si les éléments restent les mêmes, si les codes de lecture n’ont pas tant changé que cela, nous pouvons nous demander jusqu’à quand. Ainsi, la page que l’on consulte sur un écran est encore largement conditionnée par les codes de la page imprimée. Mais faire défiler les actualités ou son fil Facebook sur le portable revient presque à déplier un parchemin qui n’aurait pas de fin. Il y a donc dans l’histoire de l’imprimerie et du livre, une succession de périodes de transition qui permettent de passer à une autre époque tout en conservant des éléments du passé.

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