Maïté Franchi, graphiste-illustratrice
Maïté Franchi

Graphiste-illustratrice installée à Lyon depuis un an, Maïté Franchi revient sur son parcours pour ArlyoMag. Entre les joies de faire ce qui lui plaît et les risques du métier en freelance, elle nous raconte son univers. 

Ses œuvres pourraient être qualifiées de « propres et pop ». Elle les définit comme « quelque chose de vectoriel avec de la matière ». Animaux, plantes, nourriture, et même baskets du futur, tout ce que Maïté Franchi représente est teinté de douceur et d’une certaine intemporalité. Son art est inspiré des affiches publicitaires du début du XXème siècle, notamment celles de Charley Harper, pour qui elle a une grande admiration : « il ne travaille vraiment qu’avec des formes simplistes, il a créé le style vectoriel avant l’heure, il a simplifié au maximum la forme pour en capter l’essence, c’est vraiment lui mon inspiration première ». Maïté Franchi vient elle aussi ordonner la nature parfois chaotique, souvent sur un fond bleu ciel qui vient jouer en contraste avec les couleurs acidulées des personnages.

Maïté Franchi
Crédit Maïté Franchi

  

Auparavant directrice artistique, notamment pour des agences de concept food, elle a décidé de se lancer dans l’aventure freelance il y a un an, quand elle a déménagé de Paris vers Lyon. « J’ai eu une opportunité une fois de faire de l’illustration, et comme c’est ce que j’aime, je me suis donnée un an pour voir si ça marchait. Je continue encore six mois pour voir si je reste là-dessus ou si je retourne en agence. »

   
L’auto-entrepreneuriat n’est pas sans risque, surtout dans le milieu artistique, et encore plus en France. Comme cette autre illustratrice que nous avions rencontrée, Maïté Franchi est lucide sur la réalité de ce milieu, et a décidé de se tourner vers l’international : « les illustrateurs en France sont quand même pour la plupart mal payés, les américains par exemple reconnaissent bien plus la valeur d’un travail artistique. Je ne sais pas pourquoi c’est comme ça en France, même si j’ai l’impression que c’est en train de changer ». Grâce à son agent, et à un travail acharné, Maïté Franchi a réalisé des images pour des projets aux quatre coins du monde. Vanity Fair, La Goudale, Sony, Oxbow… Tout cela lui laisse peu de temps pour ses projets personnels.

« Je n’ai pas vraiment le temps de faire des projets persos, mais je fais pas mal de sérigraphies dès que j’ai le temps, en fait c’est un peu mon fil conducteur. Dès que je suis en stand-by, que j’attends le retour de mes clients, j’ai un projet de sérigraphie qui m’attend. J’aimerais bien faire des petits livres avec des amis, mais bon après c’est vraiment dur de mettre en place des projets nouveaux avec plein de personnes, surtout que quand tu es freelance, tu n’as pas trop tes soirées ni tes week-ends, tu travailles vraiment 24 heures sur 24. Mais je préfère encore travailler comme une folle pour moi que d’être en agence et rentrer à deux heures du matin. Pour l’instant ça se passe hyper-bien donc je suis hyper contente de m’être lancée en fait ! »

 

Maïté Franchi
Crédit Maïté Franchi

     

Son style me rappelait quelque peu certaines illustrations jeunesse, et ses dessins de nourriture avaient fait écho en moi à celles de Tomi Ungerer dans Le Géant de Zéralda : il y a le même appétit, la même manière de sublimer les mets pour qu’on n’ait qu’une envie, les goûter. Et pourtant, Maïté Franchi ne se voit pas du tout faire des livres pour enfants, ressentant parfois le syndrome de l’imposteur face aux illustrateurs plus traditionnels : « ils ont des encres, des plumes, etc… moi, j’ai mon ordinateur, un pauvre criterium et c’est tout ».

   

Plus proche du graphisme que de l’illustration, ses œuvres ont pourtant un style bien à elles. L’univers est doux, coloré, chaque objet trouve sa place dans les compositions, bien rangé. Les typographies se rapprochent plus du street art, de l’art du tatouage, mais participent d’autant plus à cet effet d’ordre et de netteté. Les couleurs ont une matière, vibrent et donnent vie au dessin, apportant la touche organique nécessaire pour que le mouvement soit suggéré, que cet ordre ne soit pas vide, et que ces vignettes se transforment en fenêtres vers une réalité sublimée.


 

Maïté Franchi
Crédit Maïté Franchi
Maïté Franchi
Crédit Maïté Franchi

 

 

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Edmée Pautet

ex-Rédac en chef et grammar nazi, j'aime les licornes et les insultes désuètes.