Un moment avec Tracy De Sa, rappeuse lyonnaise

Salut les Arlyonautes, aujourd’hui, je vous propose de découvrir une rappeuse lyonnaise qui déborde de talent. Avant de vous entraîner dans l’univers de Tracy De Sa avec une interview, je vous invite a découvrir un de ses derniers titres : « Bring Back Hip-Hop ». Bonne écoute et lecture !

https://www.youtube.com/watch?v=3yfsldI9wA8

Bonjour Tracy ! Ca me fait plaisir de te retrouver, j’ai eu la chance de m’entretenir longuement avec toi et j’aimerais que tu partages ton univers avec les Arlyonautes, une petite interview ça te tente ?

Allez, pourquoi pas ?! Bonjour à tous et à toutes les Arlyonautes !

Tu peux te présenter en quelques mots ?

Je m’appelle Tracy De Sa, je suis une rappeuse anglophone résidente à Lyon. Je suis d’origine indienne, je suis née en Inde dans une ville qui s’appelle Goa qui avait été colonisé par les portugais, et quand j’avais 3 ans j’ai déménagé en Espagne à Malaga ou j’ai grandi. À mes 18 ans je suis venue en France pour faire mes études. Donc oui je suis vraiment un mélange de cultures, je suis polyglotte et je porte tous ces pays en moi.

Je comprend mieux pourquoi j’ai été bluffé par ta maîtrise de l’anglais.

Oui, on va dire que l’anglais est ma langue maternelle, et c’est la langue qui m’a toujours rapprochée de ma famille malgré tous les voyages, les changements, c’est avec l’anglais qu’on communiquait et qu’on communique encore aujourd’hui.

Mais comment tu en es venue au rap ?

Honnêtement c’est une bonne question, je suis même pas sûre moi-même. On va dire que j’ai toujours été dans le milieu Hip Hop parce que je faisais de la danse, j’ai fait du moderne, du new style et le rap était un style de musique qui était très présent dans ma vie. Mais c’était plutôt à Montpellier, où j’ai fait ma licence en arrivant en France, c’est là-bas que j’ai vraiment découvert le réseau et que je me suis dis, bon allez pourquoi pas. J’ai connu des très bons artistes qui m’ont encouragée et qui m’ont beaucoup appris, et donc oui c’est là-bas que j’ai écrit mes premiers textes et que je me suis entraînée à faire mes premiers flows.

Quand j’ai reçu tes sons, j’ai pris une belle claque ! J’ai trouvé ton travail très propre, tu as un univers et un style à part. Du coup, je me demande quelles sont tes influences hip-hop et hors hip-hop ?

J’ai énormément d’influences de plein de styles différents. Quand j’étais jeune j’écoutais beaucoup de flamenco, j’adorais le reggaeton, les musiques latines… j’étais obsédée avec Daddy Yankee et Calle 13. Et je m’amusais à apprendre leurs chansons par cœur. Mais comme toutes les jeunes filles dans les années 90, début 2000, j’ai été aussi à fond sur les Spice Girls, Britney Spears, Christina Aguilera… ce sont des femmes très fortes qui ont marqué l’industrie du disque. En termes de Hip Hop j’étais plus sur le rap américain, j’écoutais beaucoup de Notorious BIG, Salt n Peppa, Missy Elliott, Lisa left Eye et Lauryn Hill, bien sûr, qui était ma première référence.

Mais je pense que l’artiste qui m’a le plus marqué est sans doute M.I.A, parce que pour une fois, une femme, qui avait la même couleur de peau que moi, qui avait eu un parcours migratoire similaire au mien, était en train de tout péter ! Et elle était tellement forte parce qu’elle était unique, elle voulait pas rentrer dans les cadres, elle était fidèle à elle-même et ça se ressentait dans sa musique. Et le jour où je l’ai vue en live, je me souviens c’était à Madrid, j’avais peut-être 15, 16 ans, j’ai ressenti son énergie, j’ai entendu sa voix et j’ai compris qu’elle était vraie, elle était une vraie personne et que si elle avait réussi à construire tout ça, c’était possible pour tout le monde.

Ok, je comprends mieux ton délire ! On va décortiquer ton travail, tiens, dis-moi comment tu t’organises pour faire un son ?

Oh là ! Ben je pense que ça change tout le temps, je travaille beaucoup au feeling, les beatmakers avec qui je travaille par exemple peuvent me proposer une prod et si elle me plait je peux commencer à gratter toute suite, ou des fois je trouve la vibe que quelques mois après, ou des fois il y a des prods que j’aime énormément mais je n’arrive pas à écrire dessus, parce que les sonorités me parlent, mais je ne trouve pas un flow qui tue.

Des fois je peux retomber sur des anciens textes, les reprendre et les réadapter, en ajoutant plus de mélodies, en changeant quelques rimes. Des fois j’ai une idée qui me vient en tête, ça peut être une thématique, là je vais dire au beatmaker que je souhaite parler de telle chose et donc il faut que les sonorités soient plus dans un style particulier, ou des fois j’ai envie de travailler avec des trompettes pour un son plus festif, ou j’ai envie de mettre des accélérations. Voilà c’est un peu ce qui s’est passé avec mon premier single Battery Low, c’est un son qui parle du fait que j’ai presque jamais de la batterie sur mon téléphone.

C’était une prod que le compositeur Gate avait fait, on avait commencé à travailler les mélodies pendant un voyage, on est rentré et on a changé toutes les mélodies, j’ai écrit le texte, on a enregistré, mais quand je le jouais en live j’avais l’impression que le refrain était trop lent, donc j’ai eu l’idée de faire une accélération, mais elle était un peu brute, donc avec mon ancien manager on a décidé de rajouter des scratchs, et voilà. Chaque son à son histoire et sa propre évolution.

Un vrai travail d’équipe en fait. Parle-nous un peu de ta clique, qui sont-ils et qu’est-ce-que tu attends de ceux qui t’entourent ?

On va dire que ma clique est composé des gens qui sont vraiment dans mon cercle proche, je travaille le plus souvent avec Gate qui est non seulement un ingé son très talentueux mais qui est aussi mon partenaire de vie. Je travaille beaucoup pour les clips avec Clément Vernay qui est un très bon pote à moi depuis la fac à Montpellier, je travaille avec des danseuses qui sont pour la plupart mes copines.

Je bosse avec Comix qui est un DJ à qui je tiens, mais voilà il y a beaucoup de choses que je fais encore toute seule. Je me manage seule, je trouve mes dates seule, je fais mon réseau, je cherche mes partenaires, donc je porte plusieurs casquettes, et même si des fois c’est dur, j’ai des gens dans mon entourage qui me soutiennent, même s’ils sont pas du game, qu’ils ne peuvent pas forcément m’aider, ils sont là, ils et elles croient en moi, dans mon projet, dans mon talent, et c’est ce qui est le plus important.

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J’ai cru comprendre que tu allais préparer un EP pour la rentrée ? C’est bien ça ? Sinon tu as d’autres projets à venir ?

Oui en effet, cette année j’ai eu la chance de travailler avec Creativ Music Group, qui est une branche d’un label belge et on est en train de finaliser mon EP “Millenary Tales” qui sortira dans les mois à venir. L’EP s’appelle “les comptes des millénaires” car je parle de petites histoires qui ont touché tous/tes ceux/lles qui, comme moi, ont grandi dans les années 2000. On y retrouve mon dernier single Bring Back Hip Hop et d’autres chansons très dansantes qui vous laisseront pas indifférent !

Pour la suite, j’ai un stock de titres qui sont prêts à sortir mais je suis encore en train de voir, si je sors des singles ou si je retravaille un projet j’ai pas encore fait mon choix. Mais il y aura des feats qui seront bientôt en ligne avec d’autres artistes de la scène lyonnaise et qui risquent de vous plaire énormément !

En tout cas j’espère que le public Lyonnais répondra présent. Bon Tracy, c’est bientôt la fin de notre échange que voudrais-tu dire aux Lyonnais ?

Je voudrais dire à tous les Lyonnais/es qu’il y a beaucoup de talent dans cette ville, malgré ce que les gens peuvent dire. Il y a beaucoup de styles différents, même dans le rap, il y a des identités uniques et ça serait bien qu’on se soutienne plus, non seulement entre artistes mais aussi au niveau du public, il faut arrêter de quitter la salle une fois que ton/ta pote est passé sur scène, il faut venir découvrir des nouveaux artistes, il faut être à l’écoute de ce qu’ils/elles peuvent te proposer, et si tu kiffes, ben partage et fait découvrir à ton entourage, et si tu kiffes pas ben c’est pas grave au moins tu as écouté !

Merci Tracy, pour le temps que tu nous a accordé et j’espère que l’on aura de tes nouvelles avec l’arrivée de tes prochains projets. À très vite !

Merci à vous ! Et pour tous/tes ceux/lles qui nous lisent vous pouvez me suivre sur ma page facebook, sur soundcloud, sur youtube, sur instagram, et sur twitter. Je n’attends que vous !

David Béraud

David Béraud

Fondateur, président de l'association ARLYO. J'ai le plaisir de voir évoluer ce webzine culturel. Merci à tous, acteurs culturels, lecteurs, membres de l'équipe, partenaires de rendre ce support tellement intéressant ! Bonne visite et surtout bonne lecture !