La trip hop psychédélique de Bleu, ou l’art de « créer une temporalité qui n’existe pas »
Bleu

En ce mois juin grisonnant, ArlyoMag est parti à la recherche d’un peu de chaleur et de sensations, trouvées dans les nuances de Bleu : un jeune duo lyonnais de « trip pop » (admirez le jeu de mot) psychédélique, soutenu avec attention par un manager, tout aussi jeune que son label, PMAP Records. Récit d’une rencontre.

L’éclosion des « Fleurs »

Bleu serait né sur les plages d’Ibiza il y a quelques années, fruit d’une relation amicale et musicale de longue date entre Guillaume Bruchon et Mathias Arlaud, respectivement 23 et 21 ans, toutes leurs dents et lyonnais d’origine. Mettant entre parenthèses le temps d’un service civique leurs études d’art (master d’arts interdisciplinaires au Québec pour Guillaume, licence d’arts numériques à Paris pour Mathias), ils décident il y a un an de monter un groupe : Bleu. Bleu comme la mer, Bleu comme le ciel, Bleu comme les notes du ukulélé de Guillaume répondant à la basse de Mathias sur la plage.

13342059_1608432832781787_1583276708_nCes amoureux de l’acoustique et de la scène live se dirigent alors vers l’électro : armé d’un contrôleur et d’un synthé, Mathias rythme la voix de Guillaume. Ils composent ensemble et partagent les mêmes références : de Pink Floyd à Tame Impala, des Beatles à Caribou, mais aussi Bonobo ou encore Hiatus. Ils mêlent ainsi des influences jazz, funk, pop et rock. En décembre 2015 sort leur premier EP, « Fleurs », auto-produit, vendu à cinquante exemplaires sur la plateforme Bandcamp. Chaque titre est une nuance de Bleu aux accents trip hop et psychédélique.

Mais qu’est-ce que le trip hop psychédélique me direz-vous ! À les écouter, le trip hop « c’est de la réverb’ avec toujours des sonorités hip hop derrière ». Mais faisons simple : si vous voulez la meilleure définition, écoutez Massive Attack. Et le psychédélisme alors ? Littéralement, il signifie « rendre visible, montrer l’âme », et cela par l’intermédiaire de la drogue au départ, ouvrant l’esprit et donnant accès à de nouvelles aires de création. Pensez à Syd Barrett de Pink Floyd, enfermé dans les studios avec de la drogue pour composer les deux premiers albums du groupe. Suivent alors les Beatles et leur Strawberry Fields Forever : une pop planante et colorée qu’on qualifie de psychédélique.
C’est toutes ces influences qui, aujourd’hui, construisent le groupe et la signature de Bleu : un projet qui prend de plus en plus de sens depuis leur rencontre avec Renaud Alouche, jeune créateur d’un label, sans qui l’aventure Bleu aurait sans doute un peu plus de mal à décoller.

 

Le regard bienveillant de PMAP Records

Bleu a fait appel il y a quelques mois à Renaud Alouche, 26 ans et diplômé en management culturel, qui a répondu présent pour devenir leur manager : il est en charge de leur communication, organise les relations presse et le booking. Il n’a aucun mot à dire sur l’artistique, même si en aval, il sélectionne les groupes avec lesquels il va travailler.
Renaud a donné naissance à PMAP Records, une association loi 1901 de « Promotion et Management d’Artistes Provençaux » en 2013 et relancée depuis un an maintenant à Lyon, en partant simplement d’un constat : celui du manque de lien entre jeunes musiciens et maisons de disques. Avec ses quatre collaborateurs actuels, il se donne pour mission de mettre en valeur et de révéler la scène locale en effectuant un travail commercial et en proposant une aide très personnalisée aux artistes.
13342091_1608432796115124_1501083669_n.pngL’arrivée de Renaud dans le projet a permis de donner une nouvelle perspective, puisqu’en moins d’un an le groupe s’est produit cinq fois en concert et un album est prévu pour la rentrée 2016. Le label PMAP Records permet aussi indirectement de prendre confiance en soi, puisqu’il est un des premiers à croire en un projet et à l’orienter vers de nouvelles opportunités. Ainsi Bleu ne s’interdit pas de rêver : pourquoi pas le CCO de Villeurbanne, un espace culturel alternatif, ou (en toute modestie) bientôt le Transbo ! Plus sérieusement, Bleu a candidaté pour le Printemps de Bourges, qui a décliné tout en promettant de suivre de près leur évolution, ayant repéré le talent du duo et l’originalité de leur proposition. Tout comme Renaud, la programmation musicale du festival a été séduite par la spécificité du projet, nourrie par une sensibilité artistique qui ne se résume pas à la musique.

L’éveil des sens : un fil bleu, entre son et image

Bleu, c’est avant tout un projet artistique, où la musique est intimement liée aux images, où chaque titre est couplé avec un clip directement projeté derrière les deux musiciens. Leur concert est une expérience tant pour les yeux que pour les oreilles, un « éveil des sens ». Il se veut être une immersion, réussie puisqu’au dernier concert personne ne dansait réellement mais chacun était captivé, comme dans son monde, enveloppé par les sons et les lumières.
Les images projetées sont des archives, libres de droit, sur pellicules numérisées, qui sont rassemblées et qui changent en fonction des rythmes. Elles n’ont ni lien entre elles, ni lien avec la musique : leur choix répond seulement à une recherche esthétique mais aussi à une recherche d’une « temporalité qui n’existe pas » comme nous le dit Guillaume, une temporalité à la croisée des images des années 1950-1960 et des sons électro. Se mêlent leurs sensibilités artistiques et leur goût partagé pour le cinéma et le numérique.

Alors si vous aimez Tame Impala, Caribou, Massive Attack ou Pink Floyd, ça vous fait déjà un point commun avec ce groupe sympathique, qui se produira le 18 juin au LiveStation (Lyon 7). Au programme : une playlist Bleu et PMAP Records puis un live à venir découvrir sans hésitation !

Bleu sur Facebook, YouTube et SoundCloud.

Et pour plus d’infos sur PMAP Records, rendez-vous ici !

Stay tuned !

https://www.youtube.com/watch?list=PLI_B-qJhRYrRBWF1f4KzlhX0xlNaczMMV&v=vp1-NTc5yGI