24 avril, Fashion Revolution Day : nos vêtements, à qui coûtent-ils le plus ?

Deuxième édition pour la journée mondiale de sensibilisation en matière d’éthique dans le secteur textile. 

Fashionrevolution.org, mouvement international, naît de l’initiative de professionnels, dont l’ambition est, d’ici les 5 prochaines années, assainir l’industrie qui nous habille tous.

L’idée du Fashion Revolution Day est simple, nous sommes tous conviés jusqu’au 24 avril prochain à publier une photo mentionnant #JEVEUXSAVOIR ou bien encore #WHOMADEMYCLOTHES sur tous les réseaux sociaux. Une seule consigne : porter un vêtement à l’envers, étiquette visible, et taguer éventuellement la marque en question.

La date clé qui a (ré)ouvert le débat. 

Le 24 avril 2013 à Savar, Bangladesh, la plateforme d’ateliers Rana Plaza qui fournit différents géants internationaux du vêtement (H&M Zara …) et de la grande distribution (Auchan, Carrefour etc) s’effondre.

Comptant 1 133 morts et plus de 2 500 blessés, la nouvelle s’ébruite plus que d’ordinaire.

Le made in Bangladesh sur nos étiquettes est familier, comme le made in Taiwan sous nos appareils électriques, pourtant cet événement-là marque une prise de conscience ô combien procrastinée. En effet le bilan des 10 dernières années dépasse les 6 000 morts.

Le mur des victimes de l’effondrement du Rana Plaza.
Le mur des victimes de l’effondrement du Rana Plaza.

Les mouvements ouvriers locaux ont su saisir la dramatique occasion ainsi que l’exposition médiatique instantanée pour relancer le sujet à échelle internationale, quant à la précarité économique et au manque de sécurité flagrants. Avant la catastrophe, en moyenne un/e travailleur/se bengali gagnait un peu moins de 40 dollars US par mois. Aujourd’hui les revendications, qui datent d’avant les faits et se sont amplifiées par la suite, ont abouti à une réévaluation des salaires qui tournent désormais entre 65 et 70 $. On est loin des 100 dollars mensuels réclamés, et toujours derrière le Sri-Lanka et le Cambodge où les conditions ainsi que les protestations sont similaires.

Sensibilisation du public,  solidarité avec les travailleurs, appels aux entrepreneurs. 

Le but de l’opération est donc de réunir le plus de portraits possibles, pour donner un visage aux ouvrières et ouvriers qui habitent virtuellement nos placards.

On espère ainsi, à la manière d’un lobby, que l’opinion publique puisse se défaire du mauvais rôle du consommateur qui en veut toujours plus et à moindre coût. Faire pression en demandant des comptes aux grandes marques, les plaçant face à leurs méthodes et politiques en matière d’emploi.

Utopie ou réelle menace, s’il est vrai que l’industrie ne fait pas dans la dentelle et préfère la productivité aux sentiments, les consommateurs ne sont-ils pas tout aussi responsables?

Repenser la chaîne vestimentaire, du design, à la production et jusqu’à l’achat nécessite un effort, de la part de tous.

Sommes-nous prêts à dépenser plus pour garantir un niveau de vie décent à des inconnus à l’autre bout du monde?

C’est une question que pose également le collectif Ethique sur l’étiquette, fondé en 1995, qui se réjouit des victoires mais déplore la lenteur des avancées.

Et c’est justement dans la vitesse des moyens de communication/information et des mœurs actuels que résident l’originalité et le génie de la méthode d’action fashrev. En exploitant les manies modernes des selfies et du hashtag, fashionrevolution.org qui compte parmi ses rangs de très jeunes experts en marketing, révolutionne aussi le charity business.

Un participant néerlandais écoresponsable
Un participant néerlandais écoresponsable

 

La vie après le #.

Que va-t-il se passer concrètement après cette énième « journée de » ? Il est vrai que l’opération en soi semble partir d’une préoccupation éthique sincère, gérée d’ailleurs par un groupe de bénévoles. Mais qu’en sera-t-il après, peut-on faire plus, différemment?

Et pourquoi cette révolution industrielle éthique s’appliquerait-elle uniquement aux humains?

En effet la campagne d’information de fashionrevolution ne traite que des travailleurs/euses et des fermes de coton. Mais qu’en est-il du cuir, de la laine, de la soie et de la fourrure? Il faut savoir que toute industrie basée sur l’exploitation animale représente un impact considérable, voire irréversible à différents niveaux. Ainsi par exemple, un troupeau de vaches auxquelles on arrachera la peau, nécessite des quantités d’eau et de nourriture non négligeables, et de nos jours si précieuses. Sans compter que les élevages intensifs sont la cause principale de pollution.

Les autres victimes de l'industrie.
Les autres victimes de l’industrie.

Acheter « écoresponsablement » c’est bien, mais réfléchir avec autre chose que son porte-monnaie, c’est mieux non?