Chema Prado, l’anti-paparazzo espagnol

Chema Prado. Qui est cet homme ? Inconnu du grand public, Chema (prononcez Tchéma) Prado a une place bien à lui dans le monde du cinéma espagnol puisqu’il est le directeur de la Filmoteca española, la cinémathèque espagnole, depuis 1976.

Javier Bardem, 2000 Pedro Almodovar, 1995
Javier Bardem, 2000
Pedro Almodóvar, 1995

C’est à l’occasion de la remise du prix Lumière de son grand ami Pedro Almodóvar que le directeur de l’Institut Lumière et du festival, Thierry Frémaux, a décidé de consacrer une exposition à Chema Prado. L’exposition est particulière, tant le secret règne autour des photographies, du photographe lui-même et de ses liens avec ses sujets. De ces clichés privés émane l’atmosphère de l’humour et du mystère. Dans une série grand format, Javier Bardem, sur un tournage, apparaît clownesque. Derrière cette grande miche de pain, le visiteur devine Pedro Almodóvar, trahi par sa masse capillaire.

Pedro Almodovar, 1998
Pedro Almodóvar, 1998

Le cliché le plus amusant reste sans doute le réalisateur espagnol allongé à côté de sa piscine devant sa villa, soulevant sa serviette par surprise, provoquant alors le doute d’une possible nudité qu’il voudrait cacher ! Ces instantanés, pris sur le vif, dévoilent un Chema Prado plus porté sur le souvenir et l’anecdote du moment que sur une technique maîtrisée, mais la preuve que le cliché flou de Laetitia Casta reste tout de même magnifique. Le seul regret du visiteur peut être de manquer d’explications, capitales à la lecture de certaines photographies, comme la plus célèbre illustrant un John Malkovich tenant dans ses bras un nouveau-né.

©Galerie photo de l’Institut Lumière
©Galerie photo de l’Institut Lumière

Les photographies en noir et blanc de nombreuses capitales (Berlin, New York…) évoquent son passé dans l’architecture et un certain goût pour le voyage : « J’aime bien regarder et garder ; c’est pour ça que je photographie mes amis, le cinéma, mes voyages », déclare Chema Prado. Encore une fois, impossible de cerner ses histoires. Ses amis, ses voyages, tout cela appartient à ce photographe modeste, et il ne compte définitivement pas nous donner les clés de chaque cliché.

Chema Prado, Le cinéma, les amis, les voyages. Du 12 septembre au 25 octobre 2014. Galerie de l’Institut Lumière, rue de l’Arbre-Sec, Lyon 1er. Entrée libre, du mardi au samedi, de 12 h à 19 h.