The Conjuring 2, le cas Enfield : nuits blanches assurées

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Avant d’évoquer The Conjuring 2, penchons-nous un instant sur son réalisateur aussi prolifique, touche-à-tout que génial, à savoir James Wan.

Le premier film auquel il a été rattaché a été l’adaptation de son court-métrage en long avec l’aide de son complice Leigh Whannell : le petit film indépendant australien qui a lancé la mode du « torture Porn » au début des années 2000, j’ai nommé Saw.

Bien que rattaché en tant que producteur et scénariste jusqu’au troisième film de la licence, Wan prend le large pour réaliser d’autres longs-métrages, inégaux mais qui conservent toujours sa marque de fabrique.

Le suivant, méconnu du grand public, n’est autre que le très bon et bien flippant Dead Silence, premier tour de piste dans le domaine du film de fantômes rendant hommage aux films Universal des années 30 mais malheureusement plombé par la mode du twist de fin « à la Saw », alors que l’autre fin envisagée (présente sur le DVD) était plus réussie dans la logique et la thématique du film.

Beaucoup vont rattacher James Wan à l’horreur quand il signe l’extraordinaire Death Sentence, signé par Ian Mackenzie Jeffers, où le réalisateur prouve qu’il est tout aussi doué dans n’importe quelle registre ; Death Sentence étant cette fois-ci un vigilante movie plus proche d’un Justicier dans la ville voire d’un Punisher (le comics ou la version Lundgren).

Et puis, James Wan va retrouver son « circuit horrifique » avec Insidious puis Conjuring (et, au passage, l’involontairement drôle Insidious 2), il produit le même non-effrayant spin off d’Annabelle (la poupée présente dans l’intro du premier Conjuring), avant de surprendre son monde en acceptant… Fast and Furious 7, puis de revenir offrir un dernier tour de grand 8 horrifique au public avec Conjuring 2. Pour cette année, il va produire l’adaptation du court-métrage Lights Out qui sortira en août et planche actuellement sur Aquaman pour Juillet 2018.

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Venons-en à Conjuring 2, donc…

Après les événements du premier film, le couple Lorraine et Ed Warren se retrouve confronté au cas très connu de l’affaire Amityville, et les choses vont très mal se passer quand Lorraine va clairement voir l’entité qui a poussé au meurtre les habitants de la demeure ; elle en sera profondément marquée.

Pendant ce temps à Londres, dans le quartier d’Enfield, la jeune Janet Hodgson va être victime de phénomènes assez effrayants qui semblent liés avec le précédent propriétaire de la maison qui, même décédé, a bien l’intention de chasser les occupants.

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James Wan se surpasse de film en film en matière de mise en scène, d’une manière peu égalée. Déjà dans le domaine horrifique, au point mort depuis l’avènement du found footage, mais également dans celui des productions Jason Blum en général.

Il est assez difficile d’expliquer comment, mais il a inventé une nouvelle sorte de réalisation que j’appellerais la « ghost camera », rendant alors possible des plans d’une fluidité impressionnante, et ce, en servant toujours la structure de son histoire et bien évidemment en collant le spectateur au cœur de l’horreur.

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La force des films de Wan est que, depuis le « prototype » Insidious, fortement influencé par le film Poltergeist de Tobe Hooper, ces films sont plus que des hommages au cinéma horrifique et fantastique d’antan, ils en reprennent les mécanismes de la peur la plus élémentaire qui soit avec les effets de suggestion et un choix du cadre particulièrement sadique pour annoncer le jump scare, qui viendra de là où vous l’attendez pas.

Et, dans le cas de Conjuring 2, de prolonger la tension en faisant durer les séquences sur presque 5 minutes et de faire jaillir la peur de façon subtile ou plus radicale même après des phases « d’accalmie ».

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Trop long ?

Certains ont critiqué la durée excessive du film (132 minutes quand même). Mais il suffit de regarder à nouveau le premier pour trouver que la mise en place horrifique est presque trop courte, contrairement à celui-là, où elle va s’étirer sur plus de la moitié du film et ce avant l’intervention même des Warren. De leur côté, histoire de faire grimper le trouillomètre, Lorraine héritera de la séquence la plus marquante du film avec cette scène du tableau, comme si le spectateur n’était déjà pas assez éprouvé par les événements d’Enfield.

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Là où les Insidious perdaient leur public en lâchant à l’image un déferlement de grand guignol (le démon kabuki, la séquence de spiritisme, le fantôme qui distribue des baffes), les deux Conjuring s’aventurent sur ce territoire à deux reprises dans le film. La première est une séquence dans une cave inondée et la seconde est la marque de fabrique de James Wan, à savoir rendre terrifiant un jouet d’enfant en le liant aux pouvoirs de l’entité surnaturelle. Dans le premier film, nous avions droit à la boîte à musique et surtout à la poupée Annabelle ; cette fois, je ne dirai que deux choses : camion de pompiers et comptine d’enfant.

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Le second défaut des films précédents de Wan est que pour esquiver le « ventre mou », la menace surnaturelle devient frontale et visible, enchaînant moments de silence et jump scare.

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LÉGER SPOILER :

Dans le cas de Conjuring 2, le scénario détourne la « vérité » de l’affaire Enfield pour faire surgir un twist qui lie alors complètement les deux affaires exposées dans le film et proposer un climax encore plus perturbant que la séquence d’exorcisme du premier film.

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Si l’effet de surprise du premier film est passé, Conjuring 2 reste tout aussi stressant et flippant que le premier et ne vous laissera pas pour autant respirer.

Philippe Orlandini

Philippe Orlandini

Chroniqueur cinéma, séries et actu geek en général. On me dit le sosie de quentin tarantino et de voldemort.