Dainche : les arbres, la nuit, et vous
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Dainche, c’est d’abord un architecte-paysagiste, passionné par son métier, mais c’est aussi un artiste polyvalent, qui joue avec les médiums comme on change de chemise, qui s’exprime par ses crayons et ses pinceaux comme on tweete nos bons mots. Photographie, peinture, dessin linéaire ou sculpture, chaque technique utilisée est un moyen d’exprimer quelque chose de différent.

La première impression qu’on a quand on regarde le travail de Dainche, c’est un grand calme, un silence ouaté qui nous met face à nous-mêmes. Dans ses œuvres, rien n’est pressé, le temps s’arrête un peu pour qu’on puisse entendre autre chose que l’assourdissement de la ville.

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La présence par l’absence

Dans ses dessins, Dainche met en scène des personnages sans visage, ni bras, dans des situations quotidiennes. Le style épuré à l’extrême, linéaire, ne va pas sans rappeler les croquis de Cocteau et Castelbajac, mais ici l’âme n’est pas aussi torturée. Par l’absence d’émotions de ses personnages, Dainche veut laisser à l’observateur l’occasion d’interpréter librement ce qu’il s’y trame : « Quand le personnage a un visage, ça suggère moins de choses, on identifie forcément son expression à une émotion, alors que là [quand il n’y a ni visage ni bras], c’est juste la présence en elle-même qui veut dire ou non quelque chose pour chacun : soit c’est la position du corps, soit c’est le contexte, chacun est libre d’y voir ce qu’il y voit. Il faut laisser la place à ce que les gens projettent, ressentent ».

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Cette place laissée pour l’interprétation des spectateurs marque son univers d’une certaine mélancolie : l’absence voulue d’émotions franches ne peut être comblée que par ce que l’on y transpose nous-mêmes, c’est un manque qui exige satisfaction. Le dessin n’a de sens que grâce à celui qui le regarde, et alors seulement, le dialogue entre artiste et observateur se fait.

Même le choix des couleurs engendre une sensation de calme et de patience : le bleu est partout, clair, foncé, profond comme la nuit. « Il n’y a pas de raison particulière à ce qu’il y ait majoritairement du bleu dans mes œuvres. Le bleu, surtout très foncé, moi ça me parle, il s’y passe plein de choses, c’est apaisant. » Il n’y a que dans ses photographies où toutes les couleurs ont leur place, d’égale à égale.

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Photographies du bout du monde

Dainche photographie quand il est en voyage. Inde, Israël, Ecosse, Etats-Unis, ont été autant d’occasions de capter des ambiances différentes, toujours empreintes de paix. On y croise peu d’êtres humains, mais on y trouve des architectures naturelles ou bien artificielles qui se suffisent à elles-mêmes pour montrer ce qu’il y a à montrer.

« Je ne fais des photos qu’en voyage, sinon mon appareil reste dans mon placard. J’aimerais bien repartir ! Je suis allé à Berlin il n’y a pas longtemps, j’aimerais bien aller en Bolivie, au Pérou, j’aimerais retourner sur la côte ouest des USA, puis la Namibie, la Birmanie, le Japon… »

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Highlands – Crédit Dainche

Les arbres et le reste

La nature a une place importante dans les œuvres de Dainche : du dessin à la photographie, en passant par ses sculptures, on trouve des arbres et des fleurs, l’océan aussi, la neige et quelques animaux. Thème que l’artiste explique par la spontanéité de ses créations : « l’inspiration est hyper-personnelle, c’est vraiment l’humeur, la vie de tous les jours, je n’ai pas d’explication à donner. »

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Ses aquarelles comportent beaucoup d’arbres, petites forêts sur papier qui sont souvent tordues, rarement feuillues, et nimbées d’un bleu nocturne. Quelques toiles représentent une nature plus calme et accueillante, comme les Nymphéas, hommages à Monet, qui est pour Dainche « un génie, c’est impossible de faire ce qu’il a fait ». Et pourtant, ses nymphéas sont presque aussi mélancoliques que ceux du maître.

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Dainche

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Edmée Pautet

ex-Rédac en chef et grammar nazi, j'aime les licornes et les insultes désuètes.