Dans l’intimité du Foutou’Art

Dans le cadre du Salon des éditions libertaires de la librairie La Gryffe, le Foutou’Art s’est installé à la galerie La Rage, du 14 au 23 novembre, pour une exposition qui interpelle. Bouillant de questions, Arlyo (A) est allé à la rencontre du collectif (F) pour le bonheur de ses lectrices et lecteurs. Interview :

 

A : L’exposition réunit plus de 20 artistes dont des collectifs, cela fait un grand nombre. Ont-ils tous quelque chose à voir avec le Foutou’Art ?

F : Nous avons réuni 24 exposants. Ils font tous partie du collectif, hormis trois personnes à qui nous avons proposé de participer à notre événement.

A : Vous nous présentez donc une sélection ?

F : Il ne s’agit pas d’une sélection, nous aimons mélanger les genres et laisser les artistes s’exprimer librement. Notre force, c’est d’avoir un collectif très diversifié, il y a du dessin, de la peinture, de la photo, des vidéos, des textes et quelques poètes.

A : Alors, comment avez-vous procédé à ce rassemblement ?

F : Le bouche à oreille, un appel à projets, et certains sont venus d’eux-mêmes.

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A : L’affiche annonce une exposition « presque interdite aux mineurs », avez-vous réellement eu des soucis d’organisation ou êtes-vous plutôt soucieux du public que vous pourriez choquer ?

F : Les œuvres nous entourent, ce n’est pas très choquant, n’est-ce pas ? Ce qu’on voulait, c’était marquer lors de la promotion. N’oubliez pas que nous sommes un collectif très attaché à une certaine forme de provocation. Oui, nous sommes soucieux de notre public, parce que nous cherchons le meilleur moyen d’attaquer le cerveau. En réalité, le « presque » a été placé parce que l’exposition est tout public.

A : Pourquoi la présentez-vous comme « trash et pornographique », c’est ce qu’on peut lire sur l’affiche ?

F : Oui, là c’est la farce qui joue, le canular, la banane. C’est ce qu’on ajoute au contraste qui existe entre le fond et la forme.

A : L’alliance du sexe de la femme à l’animal n’est-elle liée qu’au jeu de mots ou faut-il creuser un peu plus ?

F : Sais-tu d’où provient le mot chatte pour désigner le sexe de la femme ? Il provient du tableau de Manet : Olympia. Sur ce tableau, on y voit une femme nue allongée sur un lit, très réaliste, en contraste avec l’idée du canon de l’époque. Au pied de ce lit se trouve une petite chatte noire. Le tableau avait fait scandale à cause de son caractère trop réaliste du corps féminin. C’est à partir de ce tableau que l’on s’est mis à amalgamer le sexe de la femme avec la petite chatte.

A : À qui s’adresse cette ode qui se cache derrière le thème de cette exposition, à la femme, à la naissance, à la pornographie ou à l’animal ?

F : Aux manières d’appréhender tout cela et à la liberté de pouvoir tout changer, tout briser, tout mélanger.

A : Pour être cru, il n’y a vraiment que de la chatte sur ces œuvres ?

F : Ben oui, il n’y a que de la chatte ! Mais au sens propre, non figuré !! Il y a aussi quelques sexes d’homme cachés, et là, pas de confusion possible.

A : Pour en revenir au Foutou’Art, consacrées dans le cadre du Salon des éditions libertaires, en quoi les chattes incarnent-elles ces valeurs libertaires ?

F : Tout le monde aime les chattes ! Le chat, c’est le signe de l’insoumission, de la liberté et, dans certains cas, de l’agressivité. C’est aussi le symbole de la CNT (Confédération nationale du travail) et de l’anarcho-syndicalisme.

A : Il y a des protections fortement conseillées, des maladies, des préceptes féministes qui disent que le corps d’une femme n’appartient qu’à celle qui l’habite, des préceptes religieux qui rendent le sexe de la femme sacré, des pratiques tout aussi différentes les unes que les autres, retrouve-t-on les valeurs libertaires à tous ces niveaux ?

F : Je suis entièrement d’accord avec le précepte féministe, le corps n’appartient qu’à celle ou celui qui l’habite. Être libertaire, c’est être en accord avec soi-même sans se contraindre à quelques contraintes, qu’elles soient morales ou sociales, tant que l’on n’entrave pas la liberté de l’autre.

A : Quelles sont les valeurs que vous souhaitez transmettre dans cette exposition ?

F : La liberté de pouvoir faire ce qu’on veut.

A : Qu’en est-il des couleurs, pourquoi sont-elles noires et rouges ? Il ne s’agit pas de l’armée et du clergé selon Stendhal ?

F : Non, c’est le sang et la croûte ! Les couleurs noire et rouge sont aussi les symboles des luttes sociales depuis le XIXe siècle, comme la révolte des canuts ou la Commune de Paris.

A : N’avez-vous pas peur d’être vu comme dégradant l’image de la femme ou incitant à leur non-respect, voire plus ?

F : Oui, mais en fait, non. Nous avons joué exprès sur les mots. Il n’y a aucune image dégradante pour la femme, ni pour les félins ! Ça plaît à toutes les tranches d’âge, surtout aux anciens.

A : Que diriez-vous à ceux qui vous verraient comme tels ?

F : Qu’ils (elles) sont cons (connes) ! Laissons-les dans leurs certitudes, ce sont des gens fermés d’esprit. Pète un coup ou ne te laisse pas avoir par l’altération de ta perception !

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