De Rouille et d’Os : le génie d’Audiard a encore frappé !

Décorticage

L’une des premières forces du film est l’empreinte reconnaissable de Jacques Audiard : son style puissant, entre âpreté des images, montage lyrique, accélérations formelles et profondeur des sens. Procédés que le réalisateur avaient déjà splendidement utilisé dans le magnifique De battre, mon Cœur s’est arrêté (2005) – une relecture d’un film américain de James Toback.

Un duo de choc.
Cette histoire d’amour, d’une noirceur quasi omniprésente, aurait pu tomber dans l’esbroufe, la convention et la redite sans la capacité qu’a le cinéaste à transcender le matériau de base. Le talent à l’état brut semble être le mot d’ordre de ce film, à l’image de ses deux comédiens principaux. Marion Cotillard, admirable de fragilité, de dureté, de colère, de désespoir ; Matthias Schoenaerts (révélation de Bullhead), hallucinant de présence physique, d’intensité dramatique, de pulsions immorales. L’osmose entre les deux protagonistes est la première source d’identification que peut s’offrir le spectateur.