Théo Haggaï rue de la Longue, un art humaniste sur les murs de la presqu’île
Théo Haggaï

La galerie Superposition, qui promeut l’art urbain à Lyon, a donné carte blanche à Théo Haggaï. Le street artiste lyonnais a laissé libre cours à son imagination sur les murs de la rue ainsi que dans la galerie. Son solo show, Human Moon Constellation, est visible du 17 novembre au 13 décembre.

Superposition ©
Superposition ©

Conjuguer démocratisation de l’art et re-dynamisation de la rue

En pénétrant dans l’étroite rue de la Longue, on reconnaît d’emblée le style monochrome de Théo Haggaï. On avait déjà pu découvrir ses œuvres sur un mur de l’avenue Thiers et à la Taverne Gutenberg. Cette exposition à ciel ouvert correspond pleinement à l’esprit de la galerie Superposition qui cherche à conjuguer démocratisation de l’art et re-dynamisation de la rue par le street art. En s’installant rue de la Longue, au cœur de la presqu’île lyonnaise, la galerie Superposition et Théo Haggaï nous montrent qu’il est possible de se réapproprier l’espace urbain et que la place de l’art est aussi dans la rue.

Un trait simple, presque enfantin

Théo Haggaï, rue de la Longue
Théo Haggaï, rue de la Longue

L’artiste lyonnais autodidacte et qui fut longtemps caissier chez Monoprix nous donne à voir des graffitis figuratifs dans lesquels on reconnaît ses thèmes caractéristiques. Il utilise notamment des mains qui ne sont rattachées à aucun corps et qui se tiennent entre elles. Le trait de crayon d’Haggaï est très simple et rappelle un gribouillage presque enfantin. Dans ces motifs monochromes, on reconnaît les influences des artistes new-yorkais des années 1970 et 1980 comme Kenny Scharf et Keith Haring.

Un art humaniste et plein d’espoir

Théo Haggaï, rue de la Longue
Théo Haggaï, rue de la Longue

À travers ses dessins, on comprend que Théo Haggaï nous donne à voir un art humaniste et plein d’espoir. Les mains sont tendues et s’entraident, on construit le monde à plusieurs. On peut apercevoir un personnage touchant la lune grâce à l’aide de dizaines de mains toutes reliées entre elles qui le poussent vers le haut. Avec ces mains, l’artiste cherche à représenter l’humanité dans son ensemble. Pas de genre, d’origine sociale ou de nationalité. Nous nous retrouvons tous égaux grâce à ces mains uniformisées et on comprend que cet art s’adresse à l’ensemble de l’humanité.

Une vision utopique qui s’adresse aux gens du quotidien

Théo Haggaï, rue de la Longue
Théo Haggaï, rue de la Longue

L’artiste est profondément ancré dans le réel et dans son environnement. Son art s’adresse aux gens qu’il a pu observer durant de nombreuses années à la caisse de son supermarché. Avec ses personnages de rêveurs qui investissent l’espace public, Théo Haggaï nous communique sa vision utopique du monde. S’il n’apporte pas de solution aux problèmes du quotidien – puisque son art n’est pas à proprement parler politique –, le street artiste nous transmet ses valeurs de partage et de solidarité.

Mais des supports de médiation qui desservent la démarche de démocratisation

Si la galerie Superposition se place dans une démarche de démocratisation de la culture en invitant les artistes à s’exprimer dans l’espace public, leur choix de supports de médiation n’est pas cohérent avec cette volonté. Les œuvres de l’artiste sont accompagnées, dans la rue de la Longue, par une feuille qui fournit une explication succincte sur l’exposition. Cette petite fiche constitue un étrange compromis entre l’absence de médiation de rigueur dans le street art et les explications qui accompagnent généralement les œuvres exposées dans l’espace public. On aurait pu souhaiter un choix tranché de la part de la galerie ou, au moins, des supports de médiation plus attrayants qu’une feuille A4 scotchée sur les murs de la rue pour mettre en valeur le travail poétique d’Haggaï.