Kaffe Crème, le nouveau son house de Lyon
kaffé creme

Arlyomag est parti à la rencontre de Victor, fondateur de Kaffe Crème mais aussi co-dirigeant du label Moonrise Hill Material.

DJ hors-norme, compositeur pour l’orchestre symphonique de Saint Etienne mais aussi pour une compagnie de danse, Kaffe Crème impose son son jazz & house dans Lyon. Flash back sur ce musicien accompli de 22 ans.

kaffe creme

Bonjour Victor, parle-moi un peu de toi !

Alors j’ai 22 ans, je suis originaire d’à côté de Saint Etienne.

Pourquoi es-tu venu sur Lyon ?

À la base, pour mes études ; je suis sorti du conservatoire de Saint Etienne avec la médaille en percussions. J’ai longtemps hésité entre les écoles supérieures d’enseignement de musique de Paris, mais j’ai fini par descendre sur Lyon. Je suis donc au Cefedem (centre de formation des enseignants de musique) à Lyon. J’ai alors rencontré Bruno (dit Folamour) qui était organisateur et il possédait un label : « touche française », c’est lui qui m’a vraiment aidé à me lancer dans le monde de la musique sur Lyon. Malheureusement, il y a beaucoup de demandes pour très peu d’appelés pour jouer dans les clubs.

As-tu des passions à part la musique ? 

On va dire l’art en général, j’ai vraiment un lien avec l’art, je travaille d’ailleurs avec une compagnie de danse ; on monte un spectacle de Breakdance et Hip-Hop en live avec des percussions. On sera d’ailleurs au festival d’Aurillac en août prochain. Ce qui est génial c’est que la musique est vraiment au cœur de la danse, les percussions sont au centre de la scène. Il y a vraiment un jeu d’improvisation et de composition. Je me suis aussi mis à la photo. Et le 28 juin prochain l’orchestre symphonique de Saint Etienne jouera une composition classique et électronique que j’ai composé durant 3 ans.

Comment ta famille voit cette passion pour la musique ?

Ça ne pose aucun problème. Mes parents sont éducateurs pour les personnes handicapés, concernant mes frères et sœurs ils sont aussi dans le monde de la musique, mon frère étant passionné d’électro.

Comment t’est venue l’idée de devenir DJ ?

Pendant 8 ans j’ai joué de la musique électro en parallèle de la percussion, j’ai fait beaucoup de live, c’est venu très rapidement. À un moment je suis parti en Écosse et je suis alors tombé amoureux du vinyle avec toutes les possibilités qu’il offre. Je manie donc le vinyle.

Quel genre de musique fais-tu ? Comment la définis -tu ?

Plutôt de la House, pour faire danser. J’adore autant le jazz, le funk, le rock, et le disco house. Je veux vraiment faire de la House à Lyon, elle est d’ailleurs totalement différente de celle des années 80. Les sons évoluent continuellement.

Quels genres de musiques t’ont inspirés ? 

D’abord les musiques expérimentales, les Foals ou Sonic Youth par exemple. Depuis le conservatoire j’adore le jazz, j’adorais en jouer. Ce sont plus des cultures que des musiciens qui m’inspirent. J’aime aussi jouer dans les clubs en live. Animal Collective est un groupe que j’adore !

Parle-moi un peu de tes références en terme de musique.

Je suis plutôt admiratif des Labels, du travail de certaines structures. Par exemple pour la musique Dancefloor il y a Max Graef et Tartelet Records ou encore Money Sex qui a sa propre sonorité. MCDE ou encore Osunlade. 

Peut-être y a-t-il eu un tournant dans ta carrière ? Un moment où tu sentais que tu décollais plus qu’à un autre ?

Oui ! Clairement depuis la sortie de mon EP MHM002 et la création du label Moonrise Hill Material. On a pas fait beaucoup de promotion pour mon EP, même presque pas, mais le groupe Fouk! a vraiment fait parler de lui avant sa sortie, ils ont été géniaux ! Du coup, le vinyle était déjà sold out avant sa sortie.

Des endroits où tu t’es produit, que tu as préférés, qui t’ont le plus marqué ? 

J’adore jouer à la Maison Mère avec Bruno de Folamour, il y a toujours une bonne connexion entre nous. Ce sont de supers moments. Il y a aussi la soirée au Petit Salon avec Leon Vynehall, qui envoyait un son ultra house, on est resté jusqu’à 6h du matin, Les Chineurs sont même venus jouer avec nous. Je viens aussi de rentrer de Berlin, le public est formidable contrairement à la réputation froide qu’on leur donne. Quand je suis parti en Écosse, j’ai adoré y jouer.

Victor, tu es aussi gérant du Label Moonrise Hill Material avec d’autres artistes, parle-moi un peu de ce label.

C’est un projet construit avec Folamour, Ethyène et Okwa. Il est créé en février 2015. Mon EP a été sorti avec ce label, comme c’est notre propre label, on ne sort que les choses qu’on aime. Ce n’est pas une grosse entreprise comme Universal. On a vraiment pour but de sortir des sons qui font partie du terroir lyonnais. Qui ont leurs propres consonances. On a aussi eu la chance d’avoir Jean Granon qui nous a créé une super charte graphique. On a chacun une sonorité différente. D’ailleurs, Ethyène va sortir son premier EP fin juillet : Sounds Of The Streets.

Qu’est-ce que ça fait d’être à la fois producteur, gérant et DJ en étant si jeune ? 

(Rires.) C’est assez dur pour tout te dire. Surtout avec les études, plus la compagnie de danse ; je veux aussi produire pour d’autres labels, que ce soit dans l’électro ou plus dans le classique… Mais j’ai toujours été comme ça depuis tout petit : je suis très éparpillé.

Tu arrives quand même à garder du temps pour toi et tes amis ? 

Carrément, mais l’année prochaine je vais recommencer à sortir. Je finis mon mémoire cette année et je vais sûrement me prendre une petite année !

Que penses-tu de la concurrence des DJ en France et surtout sur Lyon ? Est-elle vraiment présente ?

Il y a tout de même une concurrence, surtout avec ceux qui sortent d’une institution de musique. Elle existe plus entre les musiciens qu’entre les DJ, c’est comme ça que je le ressens. Pour moi, un artiste est celui qui détruit les codes. On détruit les clichés, on évite aussi de faire et refaire ce que les autres on déjà fait, on se renouvelle constamment. Par exemple dans les années 80, les artistes jouaient sur des machines qui n’étaient pas destinées à la musique, il y a toujours une porte ouverte à la nouveauté. Je pense que le plus important est de se faire plaisir et de toujours se dépasser. Il y a aussi vraiment un public différent entre le jazz, la techno et le DJing.

Quels sont tes projets à venir ? 

J’aimerais évoluer au niveau du style musical, en utilisant plus de jazz et de house. Il y a aussi la date du 28 juin avec le concert de l’orchestre symphonique de Saint Etienne. Le 4 août, je serai au Sucre pour les « étés », pour représenter le label. Je jouerai aussi à Sofffa, pour Rhino Jazz. Je serai au festival d’Aurillac avec la compagnie de danse en partenariat avec une autre compagnie. J’aimerais jouer le plus possible des lives. J’avais penser partir à l’étranger mais Lyon est déjà un super terrain a découvrir. Il y a un certain underground. Les temps changent. Les Chineurs ont créé une communauté qui les suit et qui va permettre de changer pas mal les choses.

Dernière question : imaginons que tu es dans une soirée, que tu y mixes ou pas d’ailleurs, quelle serait ta playlist parfaite ? Tu peux dire n’importe quel artiste ! 

D’abord en début de soirée, je commencerais doucement avec Chick Corea & Gary Burton (Cristal Silence), un duo de piano-vibraphone, ils sont géniaux, ils font du Jazz et ils ont le goût de l’improvisation. Pour rester dans ce délire je continuerais avec Snarky Pupy puis Animal Collective. Je ferais un changement de plateau de 10 minutes (rires) avec Alva Noto & Ryuichi Sakamoto puis Let the music play de Charles Earland pour finir avec du Klauz Schulz.

Merci à Victor pour avoir participé à cette interview et pour ce super moment. Nous lui souhaitons de beaux projets et de continuer son ascension sur Lyon et ailleurs.

Vous pouvez retrouver ici son compte SoundCloud pour écouter son délicieux EP.

Victor Dijoud