La parole à l’artiste (1) : Derrière la toile…
artiste

Arlyo mène l’enquête autour de celui que l’on nomme artiste, à travers ses œuvres mais surtout à travers ses mots. Nous vous proposons une série de portraits d’artistes, de Lyon ou d’ailleurs. L’occasion pour échanger sur des parcours de vie singuliers.

Autoportrait

Une odeur de peinture à l’huile embaume la pièce. Dans l’intimité de son atelier, véritable « laboratoire de recherche », Arlyo part à la rencontre de Jean-François Schembari : « Chaque artiste a une histoire. Je suis d’origine italienne. Ce sont les italiens qui ont inventé la peinture à l’huile ; quelque part, je défends mes racines ». Jean-François commence la peinture à l’huile à l’âge de douze ans, lorsque sa mère lui offre sa première boîte de peinture. Le dessin lui permet de se révéler et de surmonter ses difficultés personnelles. Il n’envisage pas tout de suite d’en faire son métier. D’un BTS technique jusqu’au poste de peintre décorateur dans l’armée, la peinture a toujours été présente.

En 1975, il rentre aux Beaux-Arts. A partir de 1980 une réforme est en cours, et la peinture n’est plus représentée au programme. « La notion de métier n’existe plus depuis deux siècles, il n’y a plus aucune formation technique sur le métier d’artiste-peintre ». Pourtant, pour lui ce qui est passionnant, c’est le travail de recherche et d’apprentissage des techniques : « Le propre de la peinture est de révéler l’âme de l’artiste, on ne peut y parvenir que par la connaissance des matériaux, pour cela, des années de recherches sont nécessaires, des années pour réussir à s’exprimer sans souffrance ». L’artiste peintre est donc un chercheur. Cette idée de « recherche des matériaux », au centre de son œuvre artistique, naît en 1991 grâce à la découverte de l’ouvrage de Jacques Maroger:  A la recherche des secrets des grands peintres.

L’année 1984, il reçoit un prix international pour un travail photographique. Son projet interroge le monde de l’invisible et de la lumière. Il poursuit cette démarche encore aujourd’hui. Car l’invisible est le cœur de la peinture. « Le peintre s’intéresse à ce qu’il y a sous l’image, contrairement au plasticien qui s’intéresse au dessus de l’image ». Les jeux de lumière, la couleur, la matière… autant d’éléments qui donnent à la peinture sa dimension magique. La toile n’est plus une image, simple produit du réel. Au contraire, pour qu’une œuvre conserve sa sensibilité, son caractère émotionnel, elle doit se libérer de la forme. Entendons par forme, le dessin. La technique du creux a permis à l’artiste de s’affranchir du dessin. Il dit : «  Les pinceaux sont devenus des crayons et ma peinture est à la frontière de la gravure et de la sculpture ». Il aura fallu de nombreuses expériences et une trentaine d’années à l’artiste pour qu’il puisse maîtriser enfin ce procédé. L’acte de peindre est donc un acte créatif, le résultat importe peu ; en d’autres termes, le vrai sujet du peintre n’est pas le thème mais la matière.

Vue de Marseille

La conversation se poursuit autour des grands noms de la peinture classique « Rembrandt », « Velázquez », « Rubens »… le peintre regrette que leur savoir ne soit plus enseigné, car selon lui la peinture se partage. Le peintre ne peint pas pour vendre mais avant tout pour transmettre son art. Mais il doit aussi vendre pour peindre, c’est bien là qu’est toute la difficulté de la profession. Jean-François Schembari décrit le métier d’artiste-peintre comme une aventure, une véritable vocation qui n’a aucune limite, il ajoute : «  Même si parfois c’est difficile, on ne se demande pas si on peut en vivre. Aujourd’hui il n’existe pas de métier où on a toutes les garanties, alors autant se faire plaisir. »

La rencontre se termine dans les confidences : les empattements de Rembrandt et le rouge Vermillon de Rubens… L’artiste révèle quelques uns de ses secrets à Arlyo. Promis, ils seront bien gardés.

Pour en savoir davantage, Jean-François Schembari sera l’invité d’honneur au salon des artistes d’Auvergne, à la Maison de la Culture de Clermont-Ferrand en Avril prochain. En attendant, vous pouvez toujours parcourir son travail sur son site internet : http://schembari.cotations-agreees.com/gallery.