Les maîtres sont morts, vive les vivants !

Nos modèles comme attirance-répulsion

« Creuser sa tombe », « ce cinéaste est mort depuis tel film », « il se fait vieux », une variante de termes hautains et pédants qui s’accumulent de plus en plus lors des discussions orales et écrites des cinéphiles…

Des cinéastes comme Tim Burton, Ridley Scott, Martin Scorsese, Dario Argento, Francis Ford Coppola, Brian De Palma, David Cronenberg, Clint Eastwood, John Carpenter, David Lynch et j’en passe sont devenus pour certains les cibles immédiates. Quoi que ces noms (qui ont été illustres à un moment ou un autre) fassent ou sortent, ils seront critiqués péjorativement sans qu’on ait vu leur prochain film…

Prenons garde, et mettons de suite les choses au clair… La  « mort » annoncée d’un cinéaste est une idée répandue par la passion. S’il y a « mort », c’est que le réalisateur en question a déjà laissé sa trace dans l’histoire par des œuvres majeures, voire des chefs-d’œuvre incontestés et incontestables. Un grand cinéaste qui déçoit majoritairement au moins deux fois d’affilée, aujourd’hui, se retrouve avec une image  fragilisée jusqu’à un point de non-retour pour les personnes qui sont déçus de leur modèle.

Heureusement, certaines gens ont des arguments qui permettent la discussion… Mais d’autres sont tellement obnubilés. Pardon, je rectifie : d’autres sont tellement (osons le mot) excités de briser un consensus, de subvertir une pensée majoritaire qu’ils peuvent endommager sérieusement le discours critique.

Aujourd’hui, on ne pose pas ou plus la question : « Depuis quand tu aimes le cinéma d’un tel ? », mais « Depuis quand untel ne fait plus de bons films ? ». Est-ce une volonté de remettre les pendules à l’heure par rapport à des auteurs importants pour délivrer une désacralisation ? Une manière d’équilibrer les points de vue pour plus d’objectivité ? Une nécessité (beaucoup plus censée) de contrer l’effet inverse, à savoir que les inconditionnels de telle personne soient aussi extrémistes dans leurs vœux pieux pour défendre, à tout prix, un réalisateur qu’il admire depuis trop longtemps ?