L’Orée du Bois, au Théâtre des Clochards Célestes : un coup de cœur d’Arlyo
L'orée du bois

Il a encore été permis à la rédaction Théâtre de constater que les scènes découvertes lyonnaises sont riches en propositions succulentes ! Cette semaine, l’un des grands coups de cœur se trouve au Théâtre des Clochards Célestes jusqu’au 23 décembre : L’Orée du Bois.

Une jeune comédienne talentueuse et pétillante, qui n’est autre que Claire Galopin, porte à elle seule le chapeau de dramaturge et celui d’interprète. Elle s’entoure d’une équipe solide où l’on retrouve Tiphaine Rabaud-Fournier comme complice artistique, Antoine Richard et Adrien Werner en tant que créateurs sonores, Louise Brinon Himelfarb et Sébastien Marc comme créateurs lumières.

C’est le premier spectacle de la compagnie « La bande à Mandrin », compagnie créée cette année avec des anciens de la troupe du TNP, notamment Juliette Rizoud qui monte en parallèle Le songe d’une nuit d’été de Shakespeare. Autant vous dire que pour une première, c’est une réussite derrière laquelle on sent un travail passionné et/ou un passionnant travail, à vous de voir !

« Il était une fois ce fameux jour »

Cette formulation vous rappelle quelque chose ? Le conte pour sûr ! Qui a été pour Claire Galopin une matière première riche dont elle s’est inspiré pour l’invention du récit et pour le travail au plateau.

Revenons à la genèse de cette histoire. Tout a commencé avec un rêve. Il y a quelques mois, Claire se réveille au sortir d’un songe cocasse : l’histoire de Cendrillon racontée par la belle-mère, puis par le voisin. Voilà de quoi établir un regard nouveau sur le conte, et sur les mythes de manière générale : travailler sur le point de vue pour faire apparaître des couleurs nouvelles.

Sur la terre, dans un rêve, dans un fantasme, un sommeil, peu importe : au milieu de la scène, elle nous parle. La narratrice se promène aux frontières de ses rêves et de ses souvenirs en racontant son histoire. Une histoire dans laquelle elle est « l’artiste de sa propre vie » au milieu d’un frère « crapaud », d’un voisin beau comme un prince charmant, d’une voisine aux allures de Cendrillon. On retrouve la narratrice tantôt martyre, tantôt résistante, tantôt passionnée… mais en quête ! Sortir de son monde enchanté pour entrer dans LE monde ! Pour se faire, il faudra détruire l’autorité : la mère. Et c’est en remaniant les codes que la jeune fille comprend et grandit. Pour raconter son histoire, notre narratrice conserve avec elle un certain nombre de cassettes audio, qu’elle utilise au cours de sa narration. Elle garde avec elle sa mémoire ; des traces de sons effacés mais audibles. Cette matière audible, existe-t-elle vraiment ? Est-elle matière de l’imaginaire ? Le doute subsiste grâce au travail d’Antoine Richard, le créateur sonore du spectacle.

L’interprétation de Claire Galopin est incontestablement remarquable. Seule en scène – avec ses enregistrements -, elle nous transporte dans un récit narré avec douceur, fraîcheur et subtilité. Un personnage drôlement torturé qui nous appelle à la vie. Un travail de rupture intéressant qui, par moments, nous laisse dubitatif sur le fait qu’il faille rire ou pleurer. Et un travail de voix remarquable qui nous laisse entendre à la fois la narratrice, la mère, le frère, les filles du voisin, la belle-mère…

Un spectacle à partir de 14 ans, dans lequel moyens et grands peuvent se retrouver, jusqu’au 23 décembre au Théâtre des Clochard Célestes.