Made In France : ce film qu’on ne verra peut-être jamais
Made In France

Vendredi 13 novembre 2015 ont eu lieu des attentats à Paris, comme tout le monde le sait. Mais peu de personnes savent que ces événements ont donné lieu au report d’un film, censé sortir en salle mercredi 18 novembre : Made In France.

En effet, lundi 16, le distributeur du film, Pretty Pictures, et le producteur, Radar Films, ont décidé tous deux de ne pas sortir le film sur les écrans français.

Celui-ci a pourtant été tourné en 2014, et cela fait près d’un an qu’il essaie, en vain, de sortir sur les écrans. La cause ? Son sujet. Made In France raconte en effet comment un journaliste musulman s’infiltre dans un groupe terroriste bien décidé à semer le chaos dans Paris.

On le comprend, nous sommes donc face à un sujet qui fâche et on ne peut plus d’actualité. Pourtant, c’est en 1995 que Nicolas Boukhrief, ancien journaliste de Starfix et réalisateur du Convoyeur et de Gardiens de l’Ordre, a pensé à réaliser le film. Il abandonna de peur de ne pas être encore assez mature pour se confronter au sujet, avant de reprendre il y a quatre ans, non sans avoir enquêté au préalable.

Au sujet de l’annulation de la sortie du film le 18 novembre dernier, il s’est exprimé ainsi au magazine Première : « Un thriller comme Made in France nécessite, par exemple, une scénarisation et une mise en scène de la violence qui ne peuvent être proposées au public alors que des victimes, des blessés et leurs familles vivent une tragédie sans nom, en même temps que des millions de Français. »

Et si sa réponse semble logique au vu des attentats du 13 novembre, il ne peut que m’en venir une autre à l’esprit : Quand ? Oui, quand sera le bon moment pour sortir ce film ? Ou tout simplement, quand, enfin, en France, osera-t-on affronter notre propre histoire au cinéma ? Contrairement aux États-Unis qui, alors que la guerre du Vietnam était encore en cours, n’ont pas hésité à sortir multitude de films sur le sujet – films allant, pour la plupart, à l’encontre des décisions du gouvernement alors en place (voir l’incroyable film MASH et la série qui s’en suivit). Nous, en France, on continue à faire croire, soixante-dix ans plus tard, que la quasi-intégralité des Français étaient résistants sous l’Occupation. À de rares exceptions près (Lacombe Lucien, L’ennemi Intime, Indigènes…), on ne peut que constater que notre pays n’ose pratiquement jamais aborder sa véritable histoire par le prisme du cinéma. Pour une fois qu’un film venait s’ajouter à la liste de ces exceptions, il est reporté sans qu’aucune date de diffusion ne soit donnée à l’heure actuelle. Pire que cela, il pourrait même ne sortir qu’en VOD, voire pas du tout. L’art ne sert-il pas justement à nous questionner sur nous-mêmes et sur notre histoire ? Ou sinon, à quoi sert-il ?

Je ne peux donc qu’espérer que Made In France, qu’il soit bon ou mauvais, ait droit de sortie sur notre territoire. D’autant que, pour citer son réalisateur de nouveau, il semble porter un regard des plus importants sur notre actualité : « Le point de vue depuis le départ est de décrire un état de fait et de raconter des personnages bien plus que de les juger. C’est ce même point de vue qui me manque aujourd’hui quand j’écoute les commentaires en boucle des chaînes d’info… »

En attendant qu’une décision soit prise, découvrez la bande-annonce du film.


Picture of Simon Dunkle

Simon Dunkle

Défenseur de la veuve, mais pas de l'orphelin, nul ne sait qui est Simon Dunkle. Tout juste sait-on qu'il a obtenu le baccalauréat scientifique à l'âge de 1 an, avant d'organiser plusieurs manifestations contre l'extrême facilité des examens du MIT 4 ans plus tard. Aujourd'hui âgé de 7 ans, il travaille depuis 2 ans au sein d'ArlyoMag, malgré le fait qu'il soit recherché par Interpol. En effet, il est accusé de mise en danger de la vie d'autrui après avoir publié une fausse annonce dans le journal "Les Inrockuptibles" concernant l'ouverture d'un restaurant Vegan avec buffets à volonté en Syrie. Ce qui aurait conduit à la mort accidentelle d'environ 500 hipsters s'étant rendu là-bas pour y manger, jugeant le lieu "totalement non-mainstream" selon leurs propres dires.