Klaaar : « Il faut amener la musique là où elle n’a pas l’habitude d’aller »

Vendredi 20 mars au Sucre. Minuit. Quelques amoureux de musique électronique sont déjà là. Klaaar, l’artiste aux platines échauffe les corps avec une musique suave et énergique. 

Klaaar est un artiste de musique électronique et aussi le co-fondateur du Label Art Feast. Oscillant entre Lyon et Berlin, celui-ci est désormais reconnu sur plusieurs scènes électroniques. Ce qu’il aime lui, c’est la House. Cette musique, populaire à Lyon depuis maintenant plusieurs années, est reconnaissable par son tempo lent et ses samples de batteries répétés. Klaaar fait notamment partie d’Art Feast, un collectif qui organise des soirées à Lyon. Des soirées principalement tournées vers la House et l’amour de la fête que Romain, le fondateur d’Art Feast, semble vouloir souligner. Depuis bientôt deux ans, le collectif a débouché sur un label, Art Feast record. Ce label est d’ailleurs dirigé en partie par Klaaar lui-même. Retour sur le phénomène montant de la House et sur ces jeunes organisateurs d’événements de plus en plus nombreux à Lyon.

 

Je suis contre le snobisme

 

Premièrement, en tant qu‘artiste-producteur, quels sont les lieux les plus intéressants au niveau de la musique électronique à Lyon ? « à Lyon on a pas mal de chance. Ces dernières années, beaucoup de lieux se sont ouverts. Par exemple, Le Sucre, le DV1 et le Terminal qui a une programmation régulière et de qualité. On a aussi l’ambassade, une boite de nuit lyonnaise, qui a été l’une des premières à Lyon a promouvoir des soirées de qualité au niveau électronique et notamment de la House. A Lyon, on n’a pas réellement une logique de club mais plutôt une logique de promoteurs d’événements. Beaucoup de soirées sont organisées, chacune dans son style. Je suis contre le snobbisme : Si demain on te propose une bonne soirée dans une boîte qui n’est pas forcément réputée, tu y vas. Si on était encore dans cette logique de clubs, la musique électronique n’aurait jamais pu se développer. Il faut amener la musique électronique là où elle n’a pas l’habitude d’aller. On s’incruste dans tous les endroits pour créer de la curiosité chez les gens. »

– Quelles références musicales de House lyonnaise aurais-tu à donner à nos lecteurs ? « Il y a beaucoup d’artistes qui émergent à Lyon mais la plupart d’entres-eux partent à la capitale pour pouvoir décoller. Aujourd’hui on à quand même une scène lyonnaise qui commence à se créer, il y a notamment plusieurs labels de House qui commencent à émerger : Notre label Art Feast Records mais également That Place, Moonrise Hill Materials, Macadam Mambo … »

– Penses tu que cette ville pourrait devenir un berceau de la musique électronique ? « Je pense que c’est fort probable. Après, Lyon est en passe de devenir un endroit branché principalement Techno et non House comme on l’aurait aimé chez Art Feast (rires). Le public ici est effectivement très techno mais a contrario la plupart des labels sont tournés vers la House. »

– Tu te défini en tant qu’Oblast et Klaaar. Penses-tu que la Techno et la House sont deux disciplines musicales complémentaires ou, au contraire, concurrentes ? « Klaaar reste encore assez local alors que mon projet Oblast a une dimension plus internationale, on a joué dans beaucoup de pays européens. On a déjà sorti 5 EP sur Oblast. C’est un projet qui a la chance d’être plus diffusé. Mais je pense qu’à l’avenir je vais un peu plus me concentrer sur mon projet personnel, c’est à dire Klaaar. »

– Bientôt un nouvel Ep ? « J’ai déjà sorti plusieurs titres sur Art Feast et on a de nouveaux projets avec un nouvel Ep qui va bientôt sortir en fin avril voir début mai. C’est le quatrième EP d’Art Feast record. Une track avec Jaysper, deux morceaux de Map.ache et QY de chez KANN records et un d’Ortella. On le sort dans le cadre d’un festival entre Lyon et Liepzig. Il y aura aussi la sortie d’un autre EP en septembre avec deux de mes titres et deux featuring. »

– Comment te sens-tu face aux nouvelles générations qui débarquent sur la scène électro ? « Notre génération fait suite à celle des nuits sonores. Les jeunes d’aujourd’hui s’intéressent beaucoup plus à la musique et ne cherchent plus juste à sortir pour sortir. On a la chance aujourd’hui d’être la deuxième génération et de voir arriver la prochaine. Cela nous donne la responsabilité de les encourager à s’investir. Ca nous rend heureux de voir qu’ils prennent le relais, qu’ils soient motivés. »

Notre génération fait suite à celle des nuits sonores.

 

– Cela fait désormais 6 ans qu’Art Feast organise des soirées et des événements. Quel bilan fais-tu de ces dernières années ? « C’est un bilan plutôt positif, on fait pas mal de soirées et on essaye de transmettre ce goût des events aux futurs générations. On travaille un peu partout et avec pas mal de clubs depuis ces derniers temps. Cette année on plafonne à une soirée toutes les semaines voir les deux semaines. A l’avenir je pense qu’on va plutôt lancer un gros événement par mois. On envisage même de faire une sorte de festival fin juin sur le theme de la scene francaise. »

– Que dire du bilan d’Art Feast record, lancé il y a bientôt 2 ans ? « En un an, on a déjà eu quatre sorties Vinyl et deux compilations CD. On essaye vraiment de développer la House avec de nouveaux artistes. On a crée pas mal de liens, que ce soit au niveau purement professionnel ou amical. On essaie de suivre ces artistes et de les promouvoir jusqu’au bout avec le label. On a des soirées avec Art Feast et le label nous permet de garder contact.  »

– Quels sont les projets qui vont bientôt se lancer ? « On pense se concentrer sur le développement du label et peut-être envisager des festivals, des Open air ou de plus grosses soirées sur Lyon et Paris. Avec Romain, on pense inviter des artistes et d’autres labels pour les événements ainsi que de créer des temps forts de partage avec les labels. On aimerait aussi faire un pont avec Berlin. J’ai vécu deux ans là-bas et j’ai adoré l’univers musical de certains clubs, le Bar 25,Wilde Renate, Watergate… L’ambition d’Art Feast est aussi de se développer dans le monde et non seulement sur certaines scènes. Rien n’est jamais garanti, il faut toujours être au taquet. »

– Dirais-tu que les artistes que vous produisez sont essentiellement lyonnais ? « Oui et non. Nos artistes sont lyonnais mais aussi européens. Sur le Label on est à 50 %. Quand on a un petit label, on a pas la possibilité de développer beaucoup d’artistes au même moment. On préfère se concentrer sur quelques-uns. C’est aussi important d’avoir des guests internationaux parce que ça permet d’avoir plus de visibilité et crédibilité. »

Et le mot de la fin. Qu’est-ce que tu écoutes en ce moment ? « J’écoute beaucoup de R’N’B, de disco et de Jazz. La House tire beaucoup ses influences de la disco, elle-même influencée par le Jazz. En écouter permet de m’inspirer dans mon travail. »

https://soundcloud.com/klaaar/klaaar-klaaarify-podcast-vol-2