Et si on vous parlait de Techno ?

Nous revenons ce mois-ci pour vous parler des débuts de la musique électronique dans la capitale des lumières. Lyon, ville bourgeoise et traditionaliste encore dans les années 1980, devient rapidement l’un des témoins de ce phénomène qu’est l’électrochoc. 

Comme chaque rentrée, le Sucre revient avec le Start Festival qui consiste en une suite d’événements destinés à montrer un panorama culturel et musical de la prochaine saison. Après plusieurs conférences, dont une sur le collectif Frigo, le Sucre revient avec une dernière conférence autour du thème de la naissance de la musique Techno à Lyon. C’est dans ce lieu bien aimé des lyonnais, qu’un large public transgénérationnel s’est rassemblé ce mercredi 2 septembre pour écouter cinq conférenciers… Et pas des moindres.

En effet, cinq personnalités de renom sont venus nous raconter leurs expériences respectives. The Hacker par exemple, qui est un artiste Techno depuis ses débuts et qui tient aujourd’hui son propre label Goodlife Records. Kubik, qui n’est autre que le fondateur de la plateforme éponyme mais aussi le directeur du Transbordeur, qui est un des DJ cultes des raveurs pionniers, Simon Chambon de CLFT et, enfin Patrice Mourre qui DJ et le fondateur de Technopol.

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Au commencement….

Au cours de l’année 1987, la Techno envahit la planète. Lyon, ville froide et très marquée par l’underground rock commence peu à peu à accepter cette culture et à faire rapidement concurrence à Paris :

Pour la plupart des intervenants, l’arrivée de la techno n’est cependant pas un « choc ». Contrairement à la pensée commune, elle fait son apparition au fur et à mesure. Pour Miloch et The Hacker, l’introduction en France de la musique électronique s’est faite d’abord par la New Wave puis par l’Acid House. Pour Kubik, en revanche, la culture techno a été un véritable choc, il travaillait dans la section import de la FNAC lorsqu’il a découvert quelques labels et artistes du marché anglais. Nous ne citerons pour exemple que les illustres WARP et Aphex Twin. Il a peu à peu commencé à se rendre aux soirées « Wake Up » du Rex à Paris et l’ambiance hédoniste ainsi que l’énergie folle que transmettait cette musique a été une véritable révélation pour lui.

La Techno, un pied de nez à la culture rock

« Au départ oui, la techno c’est avant tout un rejet. Rejet de la culture rock underground mais aussi un rejet face à la culture de nos parents » explique The Hacker. C’est un besoin réel de se détacher. Rubik, lui, est du même avis. Pour lui aussi, la techno est, à l’origine, une sorte de rébellion. Elle n’est simplement pas vécue directement  comme telle. C’est aussi une rébellion contre le grand public et les médias qui l’assimilent à un mouvement de jeunesse potentiellement dangereux.

Alors oui, au départ cette culture semble chaotique, à la limite même de l’anarchie. Elle se différencie principalement des autres mouvements musicaux avec une structure différente, assez éparpillée. C’est justement dans ce même chaos que nait le « triangle d’or » de la Techno, triangle constitué des trois villes de Lyon, de Grenoble et d’Annecy. C’est notamment grâce à des échanges très abondants entre les artistes, à des fichiers contacts, à une proximité géographique et enfin à cette même envie d’être libre et de s’amuser qu’est née cette extraordinaire émulsion entre ces villes.

Qu’en est-il plus spécifiquement de la scène Lyonnaise ?

Laurent Garnier

C’est grâce à un appel Skype que Laurent Garnier, auteur du livre électrochoc et DJ pionnier de la Techno, nous livre ses expériences. Pour lui, le public va rapidement se scinder en deux : une partie qui va continuer à aller aux Free parties, aux soirées peu organisées et, une autre partie qui va justement chercher une certaine structure. C’est ainsi qu’à Lyon naissent les premiers disquaires et des clubs tels que le Zoo, l’Ambassade, la Pyramide ou encore le légendaire Hypnotik. Lyon, dès lors, peut se targuer d’avoir une scène musicale conséquente, avec des acteurs solidaires et surtout un public motivé et cultivé.

Techno, l’intemporelle ?

Pour le jeune Simon Chambon de CLFT, la musique en soit « reste la même mais la différence est structurelle », ceux de la génération « post-Techno » l’ont découverte autrement, que ce soit en club, en festival ou encore à l’étranger. « Avant cette musique c’était le futur, presque de la science-fiction. Maintenant, on revient carrément aux vinyls, comme si c’était la nostalgie d’une époque qu’on a pas vécue ». La Techno s’est ainsi  institutionnalisée. Pour Miloch, le support est différent mais la Techno continue d’évoluer avec les aléas du temps. Néanmoins, depuis quelques années, elle revient en masse avec sa forme la plus brute, la plus pure. Bien qu’en pleine évolution, la musique Techno reste une odyssée, elle a traversé des périodes obscures pour finalement devenir propre à une culture bien visible. Elle reste, dans ce sens, intemporelle.