Où est passé le cinéma que j’aimais ? Ou Le Nouvel Empire de Joss Whedon et cie

Mais c’est que je suis vachement cynique, moi aussi…

Cet aperçu totalement non exhaustif (ce qui est presque un pléonasme, en fait), et tout aussi cynique que ce qu’il dénonce, n’a pas pour but de démontrer que les films cités sont bons ou mauvais. Il n’y est d’ailleurs quasiment jamais question de mise en scène, de découpage ou de direction d’acteurs. Son but est simplement de constater l’évolution ( ?) du cinéma de genre de ces dernières années, un cinéma qui ne fait plus confiance à ces propres figures ou à l’intelligence du spectateur, un cinéma qui cherche à toujours tout expliquer, où les héros n’en sont plus vraiment et les méchants non plus : ils ont des problèmes désormais, leur vie est mi-figue, mi-raisin. Un cinéma où toute question posée a directement sa question.

Est-ce mieux ? Moins bien ? La question mérite d’être posée et le forum sous cet article est là pour que nous en débattions si cela vous vous intéresse.

Récapitulons :

      • On ne fait plus de films d’horreur pour faire peur, mais pour montrer que les autres films d’horreur sont nuls.
      • On ne fait plus de films de super-héros pour que les gens s’identifient ou s’émerveillent mais pour montrer que les autres films de super héros sont nuls
      • On ne fait plus de films de science-fiction pour réfléchir sur notre société ou notre condition mais pour montrer que les autres films de science-fiction sont nuls.
      • On cesse d’employer de la symbolique dans les films, mais on explique tout car on sait que le spectateur est trop stupide pour comprendre.
      • On annonce du politiquement incorrect pour faire du politique correct.

Christophe Gans disait qu’en 1997, James Cameron réalisait avec Titanic ce qui était et restera peut-être comme le dernier grand film classique. Le film d’une époque désormais révolue. Je ne suis pas de son niveau et ne peut pas en juger, mais il est sûr que des réalisateurs comme James Cameron, Sam Raimi, Steven Spielberg, Peter Jackson, Guillermo Del Toro, John Woo et autres… semblent de plus en plus être une espèce en voie de disparition. Des réalisateurs qui font confiance à l’intelligence de leurs spectateurs et qui ne partent pas du principe – autrefois uniquement réservé à la télévision – selon lequel « Il ne faut jamais prendre les spectateurs pour des cons, mais ne jamais oublier qu’ils en sont ». Et quand Stallone, Schwarzenegger, Bruce Willis et les autres partiront à la retraite, il n’est pas sûr que quiconque les remplace non plus. Aujourd’hui déjà, si Scream, La Cabane dans les Bois et autres Blair Witch (tiens, on n’en a pas parlé de celui-là) se vantent de l’intelligence que la plupart des spectateurs y voient, All The Boys Love Mandy Lane, Dream Home et autres Time Crimes restent dans l’anonymat alors qu’ils accomplissent pour de bon ce dont les autres ne font que se vanter. Alors qu’il y a un certain temps, les véritables révolutions étaient reconnues de tous (Les Dents De La Mer, Die Hard, Indiana Jones, Star Wars…). Mais là, je vous parle d’un temps que les moins de vingt ans ne peuvent pas connaître, comme dirait l’autre. Et on ne parle pas du futur The Amazing Spider-man de Marc Webb dont le but annoncé est de vous expliquer ce que vous n’aviez forcément (d’après les studios) pas compris dans la trilogie originelle. Et faut-il parler de l’imminent Prometheus de Ridley Scott qui fera la même chose avec la saga Alien ?

En d’autres termes : « Je suis trop vieux pour ces conneries »

Danny Glover dans L’arme Fatale

Et quoi que vous pensiez de cet article, sachez que je n’oublie pas qu’

« À bien des égards, la tâche du critique est aisée. Nous ne risquons pas grand-chose. Et pourtant, nous jouissons d’une position de supériorité par rapport à ceux qui se soumettent avec leur travail, à notre jugement. Nous nous épanouissons dans la critique négative, plaisante à écrire et à lire. Mais l’amère vérité qu’il nous faut bien regarder en face, c’est que dans le grand ordre des choses, le [film] le plus médiocre a sans doute plus de valeur que notre critique qui le dénonce comme tel.» Extrait du film Ratatouille (2007) de Brad Bird et Jan Pinkava.

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Jonathan Placide

Chef d'entreprise chez AWD Productions. Réalisateur, cameraman et monteur, Jonathan Placide est le plus ancien journaliste d'ArlyoMag. C'est pourquoi certains l'appellent "Papy". Grand défenseur du cinéma populaire devant l'éternel, il s'intéresse également à la culture geek dans son ensemble, et vous fera profiter de ces passions à travers ses articles.