Populaire, un musical, un vrai !

C’est leur tout premier projet. Fraîchement sortis d’une école de comédie musicale lyonnaise, ces huit artistes ont décidé de ne pas perdre une minute, et de proposer un musical dans les règles de Broadway pour le public français. Nous avons rencontré Lauriane Fouchier, l’une des créatrices du projet, pour découvrir Populaire et parler de son sujet, le harcèlement scolaire.

Comment est né Populaire ? Quelles sont les origines de ce projet ambitieux ?

Avant même le projet ou même le sujet, il y avait l’envie de créer quelque chose tous ensemble, à la sortie de l’école. On avait absolument envie de véhiculer un message, et parmi les sujets qui nous ont passionnés, le harcèlement a fait l’unanimité. C’est un sujet d’actualité, que tout le monde a vu ou vécu. Et si, nous, on peut créer un questionnement chez des collégiens ou lycéens grâce à la comédie musicale, c’est gagné.

D’ailleurs, qu’est-ce qu’apporte d’après toi la comédie musicale, et plus largement le spectacle vivant, à un sujet comme celui-ci ?

La scène casse la distance que peut créer une intervention classique sur un sujet. En tant que spectateur au théâtre, on va s’attacher aux personnages, entrer dans l’histoire et ne plus être du tout dans un discours moralisateur. Et la comédie musicale, en particulier, permet un format plus léger. Par exemple, dans Populaire, le spectateur peut être trompé par le ton léger des chansons et de certaines scènes, et se rendre compte bien plus tard de ses propres réactions. Et bien sûr, il y a dans la comédie musicale cet aspect d’expression par le corps, qui donne une tout autre palette de moyens d’expression.

Comment faire la balance entre ce côté enlevé du genre musical et le sujet, qui lui n’a rien de léger ?

En fait, dans les mécaniques de harcèlement, ce n’est jamais sans espoir. Ça va et ça vient, par vagues. Il y a des périodes plus difficiles que d’autres, et il y a des allers-retours entre positif et négatif. On a essayé de jouer sur le fil, toujours entre les deux. Il y a des scènes de fête, des moments qui prêtent  à sourire, car c’est le lycée, malgré tout. Et d’autres tableaux sont beaucoup plus durs, beaucoup plus tendus. On a ainsi tenté d’éviter de tomber dans un traitement trop grave du sujet.

C’est une vraie création collective. Comment avez-vous géré ce travail à huit ?

Nous avons tous puisé dans nos imaginaires et apporté nos compétences : chorégraphies, création de personnages, direction musicale, cohérence…  Nous partions d’une idée visuelle, d’une ambiance, d’une chanson, et ensuite, nous suivions la vision de celui qui dirigeait la scène. Bien sûr, ça donne lieu à des débats sans fin, car il n’y a personne pour trancher, mais c’est une vraie richesse. On y gagne beaucoup en justesse. Et puis, le spectacle ressemble à chacun d’entre nous, il se nourrit de tous nos univers. Ce n’est pas parfait, bien sûr, mais c’est une belle création avec un beau message !

Maintenant que le spectacle prend son envol, comment imaginez-vous sa vie ?

Nous avons plein d’idées en tête ! Nous aimerions mettre en place des partenariats avec des associations et des académies. L’objectif, c’est d’aller jouer dans les collèges et dans les lycées. D’abord en région Rhône-Alpes, et ensuite bien plus loin !

Et pour la compagnie en général ?

Nous venons tout juste de créer notre compagnie, Acte C Scène M, pour pouvoir créer et faire tourner Populaire. Mais les membres du collectif ne s’arrêteront pas là. Nous avons plusieurs projets en création, toujours autour de l’acceptation, la place de l’autre. Nous travaillons sur Chemin, un spectacle interactif, dans lequel les décisions du public feront évoluer l’intrigue. Et nous jouons également notre propre version du Rocky Horror Show !

Populaire, livret : Camille Berring et Lauriane Fouchier. Direction musicale : Marie-Charlotte Le Morvan et Valentin Davy. Mise en scène : Jérémie Lacombe. Chorégraphies : Camille Berring, Marie-Charlotte Le Morvan et Lauriane Fouchier. Avec Camille Berring, Maëva Bouchet, Valentin Davy, Victor Demange, Lauriane Fouchier, Jérémie Lacombe et Fanny Mondière.