« Potins d’enfer » aux Vedettes : une tragédie humoristique en huis clos
Potins d'enfer aux Vedettes

Direction les Pentes de la Croix-Rousse, quartier général des cafés-théâtres à Lyon. Parmi eux, Les Vedettes, qui présente sa dernière création « Potins d’enfer » du mercredi au samedi à 20h, jusqu’au 13 février 2016. Attachez vos ceintures, décollage imminent pour l’au-delà.

À la lecture du titre, on peut s’attendre à une pièce légère voire superficielle sur des diablotins se racontant les derniers ragots. Et pourtant, on découvre une pièce à la fois profonde et fascinante, mais source de nombreux fous-rires.

Tout commence par un grand bruit, une déchirure. Une femme, Coralie (Marie Coutance), est seule sur scène. D’abord angoissée, puis franchement hystérique, elle comprend peu à peu qu’elle se trouve dans l’au-delà. Alors qu’elle tente en vain de se concentrer pour retourner sur terre dans son corps, elle est rejointe par un homme d’affaires d’une quarantaine d’années. Christian (Matthieu Birken) refuse de croire qu’il est décédé, son dernier souvenir étant de s’être endormi paisiblement dans son propre lit. Il cherche alors à convaincre Coralie que tout ceci est un complot pour leur faire croire qu’ils sont morts… avant de réaliser qu’il n’a ni faim, ni soif, ni sommeil. La panique a à peine le temps de prendre le dessus quand le troisième et dernier personnage fait son apparition. Il s’agit d’un jeune homme, Gonzague (Rémy Martin), le seul à ne pas être surpris de son arrivée : atteint d’une grave maladie, il s’attendait à mourir d’un jour à l’autre.

Débute alors une série de dialogues, épatants de justesse et de pertinence, pour permettre au spectateur de découvrir en profondeur ces trois personnages aux personnalités et aux vies bien différentes. Leur grande répartie joue beaucoup au fait que cette pièce ne connaît aucune longueur, malgré l’absence de changement de scène ou de décor. Le public reste purement et simplement pendu à leurs lèvres, et se fend à de nombreuses reprises en francs éclats de rire.

L’histoire évolue et se complexifie. Parvenant à établir une connexion avec le monde des vivants, nos trois héros comprennent de nombreuses choses sur leur vie, et surtout sur leur mort. S’ils se sont dans un premier temps détestés, ils sont désormais des alliés face à la société qui les a trahis. Et nous, public, sommes leurs complices.

Ainsi, les comédiens nous emmènent dans une fascinante interprétation du paradis, jusqu’à une fin de récit poétique et inattendue, bien qu’aux références connues de tous : ayant trouvé la paix, il leur faut franchir la fameuse lumière au bout du tunnel.

Ce Huis clos moderne et bien moins tragique que l’œuvre de Sartre vient redorer l’image que l’on pouvait se faire du café-théâtre : des jeux de mots parfois lourds, des blagues prévisibles, une absence d’histoire ou de fil rouge.

Aussi emballé que nous à la sortie de la salle, un spectateur d’une cinquantaine d’années, Philippe, nous donne son avis, si joliment exprimé :

« On passe du rire à l’émotion, entraînés dans cette pièce qui semble frôler le vulgaire de La Cage aux Folles pour mieux devenir, par contre-pied, une exploration humaine diablement réussie. L’astucieux scénario nous emmène non-pas dans les profondeurs maléfiques, mais dans celles de notre condition dérisoire et désespérée. »

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