(P)rendre la parole : le tremplin poétique qui fait vivre la poésie
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Lyon regorge de multiples événements dont certains restent bien cachés… Pour y remédier, je vous propose de découvrir un petit festival de poésie, (P)rendre la parole, qui se définit davantage comme un « tremplin poétique ». Ce tremplin poétique s’adresse « à la large communauté des « écrivants » » mais aussi aux curieux, qui pourront profiter de 3 mois de découvertes, au cours desquels les bibliothèques de Lyon battront au rythme de l’alexandrin ou autre.

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(P)rendre la parole est un événement qui se déroule du 3 janvier au 21 mars. Il s’agit de la 7e édition, et au programme cette année : des séances d’écriture, des lectures et des rencontres dans les bibliothèques de Lyon avec entre autres le poète Jean-Baptiste Cabaud. Une occasion pour tous les Lyonnais, écrivains ou non, de se frotter à la poésie, mais promis, votre cœur sera le seul à être piqué.

(P)rendre la parole comme manifestation d’une démocratisation nécessaire de la poésie

L’objectif premier de ce tremplin poétique est de parvenir à une démocratisation de la poésie. Si celle-ci peut nous paraître opaque, inaccessible et réservée à un certain nombre d’initiés, le but ici est de démonter les a priori dans une visée de reconquête de la poésie. Il suffit de reprendre le titre de ce tremplin « (P)rendre la parole » : d’un côté prendre la parole revient à ce qui a déjà été dit, dans le sens d’une démocratisation de la poésie mais aussi qu’il faut « rendre » la parole à ceux qui ne se pensent pas légitimes de la pratiquer.

Le programme de (P)rendre la parole peut d’ailleurs se lire en rapport avec l’événement « Démocratie » qui anime les diverses bibliothèques de Lyon de novembre 2016 à mars 2017 (allez jeter un œil sur le site de la BML de Lyon, il s’y passe beaucoup de choses). Le projet « Démocratie » lancé par la Bibliothèque de Lyon, met en place tout un programme de découvertes, d’échanges et de moments de réflexion collectifs comme pour actualiser la notion de démocratie qui nous fait aujourd’hui défaut.

démocratie

Dans un article précédent, sur le prix Kowalski, je déplorais déjà le manque de place accordée à la poésie : semblable à une langue morte dans la société actuelle, mais dont nous avions plutôt tout intérêt à récupérer l’usage. L’événement « Démocratie », et plus précisément (P)rendre la parole, met en place une réelle réflexion sur sa pratique et le poids dont elle peut faire preuve dans l’échange et dans le discours social voire politique actuel, ou tout simplement artistique.

Encouragement dans l’expression poétique

Dans cette visée de reconquête du champ poétique, les organisateurs encouragent à l’écriture, pratique qui est au centre de ce tremplin. Des ateliers sont proposés, ouverts à toutes et à tous. Les séances seront animées par le poète Jean-Baptiste Cabaud ou Michel Reynaud. Ces ateliers en deux séances (il est nécessaire de s’inscrire, vite vite vite !) permettent à tout un chacun de s’exercer à la poésie mais également de partager avec les autres participants.

De plus, il est possible d’adresser des textes poétiques entre le mardi 3 janvier et le samedi 11 février. Il faut alors faire parvenir ces textes via l’adresse mail officielle de l’événement, soit tremplinpoetique@bm-lyon.fr ; il est également possible de déposer les textes dans des boîtes prévues à cet effet dans les diverses bibliothèques de Lyon. À la suite d’une sélection, une vingtaine de textes seront présentés et lus dans le cadre d’une lecture publique le vendredi 10 mars à 18h30 à la médiathèque de Bachut, qui scellera par ailleurs l’événement « Démocratie ». Les lectures seront accompagnées par les élèves du cours d’improvisation du conservatoire de musique de Lyon.

De la poésie à l’électro, en passant par le cinéma

saint octobre

C’est le mardi 21 mars de 18h30 à 20h à la bibliothèque de la Part-Dieu que se clôturera le tremplin poétique, autour d’un ciné-live. La bibliothèque invite le groupe « poésie électro » Saint Octobre. Saint Octobre, c’est l’alliance entre Jean-Baptiste Cabaud (oui il est partout) et David Champey, accompagné de ses machines électroniques. Le groupe s’est associé à Cinéma Fragile, projet composé de deux réalisateurs, qui au détour de leurs films aussi délicats que discrets, y confondent littérature, poésie et cinéma expérimental. De leur collaboration naît une œuvre à la frontière des genres : Nouveau Noum. Il s’agit d’un long-métrage musical allié à une performance scénique ciné-livre qui sera présenté à l’occasion de la clôture de (P)rendre la parole.

Entre mythes et faits historiques, le film reprend de manière poétique les événements qui se sont déroulés au-dessus du cercle polaire, retraçant l’exploitation nucléaire par l’empire Soviétique puis Russe. L’œuvre présentée conte à la manière d’un rêve les aventures dans l’arctique mais aussi les accidents. Nouveau Noum donne à voir mais surtout à ressentir, du fait de l’assimilation de la poésie à l’intérieur de ce dispositif complexe, l’exploitation de cette terre se transformant en puits de ressources. Le film n’en est que plus étrange du fait de ce sujet qui est peu commun et qui n’apparaît pas à première vue franchement poétique. Cependant, les deux groupes parviennent à mêler poétique et esthétique cinématographique de telle manière à aboutir à un OVNI qui ne saurait nous laisser de marbre.