Prometheus : Un pétard mouillé.

– Même si le film a d’autres ambitions que d’appartenir à une saga codifiée, ses apports originaux ne le sont pas forcément.

Il y a donc un esprit de frustration énorme qui parcourt le film… J’en prends pour preuve ce qui aurait dû être pour moi la séquence la plus forte : celle de l’avortement. Un moment primordial, mais qui m’a frustré par la rapidité de l’exécution… La séquence est puissante, mais aurait gagnée à être une grosse claque. Notamment, si le cinéaste s’était entêté à montrer comme suspendue dans le temps une action CAPITALE. Il aurait pu la mettre en parallèle avec la dissection de la larve sur la tête de Kane, dans le premier film, par exemple. Le moment est dérangeant mais vite expédié. Quant au sacrifice du Prometheus, l’idée est intéressante, mais impossible de pleurer … C’est le cadet des soucis du spectateur que je suis. Il a suffi d’une discussion entre Shaw et Janek, pour annuler ce qui se voulait être un monumental morceau de bravoure, et n’être qu’un spectaculaire crash de vaisseaux.

– Prometheus est le témoignage grandeur nature des défauts inhérents du blockbuster actuel par rapport à une autre époque… En réduisant au minimum les enjeux dans le premier film, la porte a été ouverte à d’innombrables interprétations, faisant poindre l’imagination du spectateur beaucoup plus loin que ce qu’il a vu à l’écran. L’alien devenant une véritable incarnation de la nature la plus cruelle et la plus parfaite (paradoxalement). Ici, le film met en place des mystères beaucoup plus nombreux qui tentent de secouer à nouveau les méninges du spectateur mais que je considère comme artificiels. Du suspense presque forcé afin d’entretenir l’aura de la saga originelle, qui se basait sur des propositions beaucoup plus subtiles. Et la force des effets spéciaux et visuels n’empêchent aucunement de  ressentir le manque de peur, d’angoisse. Les personnages étant pour la plupart des caricatures, on demanderait presque à ces derniers de disparaitre comme dans le pire survival. La force de suggestion, la réduction des effets manquent, comparativement au premier opus. Idem pour la musique qui n’est pas mauvaise mais omniprésente et qui empêche d’adhérer à la tension de pacotille. Elle essaye de compenser le rythme parfois brillant, parfois brouillon de l’ensemble. Alors que l’utilisation du score de Goldsmith par Scott, dans la version de 1979, participait comme un tout organique et savait s’arrêter quand il fallait. Sans compter le brio du travail sur la bande-son qui intensifiait tout simplement la chasse qui s’ensuivait. En résumé, Prometheus n’a rien de vraiment surprenant.

– Et enfin, l’autre lot de déception est bel et bien la mise en scène de Scott. Elle est moins créatrice, imaginative et audacieuse. Mise à part la séquence d’ouverture, et quelques autres moments, la mise en scène est sans grand relief, assez plate et même, par moments, manquant de gestion de l’espace. Le cinéaste se contente d’aligner des images esthétiques déjà acquises et ne propose aucune autre alternative alors qu’il en est parfaitement capable. Sur le point de vue cinématographique, Prometheus me semble généralement assez paresseux.

Dommage !