Sister aux Subsistances, retour sur un spectacle qui en promettait plus
Sister aux Subsistances
FESTIVAL MODE D EMPLOI 2015 DU 26 au 29 NOVEMBRE 2015 HELENE MATHON Sister ( D'après le texte d' Eugene Savitzkaya (Théâtre)
FESTIVAL MODE D’EMPLOI 2015 – DU 26 au 29 NOVEMBRE 2015

La semaine dernière, Arlyo s’est intéressé à la quatrième édition du Festival « Mode d’emploi » organisé par les Subsistances : la rédaction théâtre est allée à la rencontre de l’univers proposé par Sister, d’après un texte d’Eugène Savitzkaya, mis en scène par Hélène Mathon, et interprété par Hubertus Biermann, accompagné de la performance de Bérengère Vallet.

Dans les trois spectacles proposés aux Subsistances dans le cadre de la quatrième édition du festival « Mode d’emploi », un semble sortir du lot : Sister. C’est une histoire de frère et sœur. En grandissant, le jeune homme est atteint d’une mystérieuse maladie qui ne s’explique pas : la schizophrénie. Depuis l’enfance et jusqu’à l’âge adulte, leur histoire nous est racontée. Une enfance commune, mais un destin différent.

Une des forces de ce texte réside dans le point de vue : la maladie mentale ne s’envisage non pas comme la maladie en soi, mais à travers la fratrie. Quand « le différent » nous est si proche, qu’avons-nous pour l’accueillir ? Quelle place dans la normalité familiale et sociale ?

Hélène Mathon commande le texte à l’auteur belge Eugène Savitzkaya (auteur du recueil poétique À la cyprine) et lui propose de travailler à partir de témoignages recueillis auprès de proches d’handicapés mentaux et plus précisément auprès de frère et sœur atteints d’une maladie mentale.

À la vue du texte renversant, tant d’un point de vue littéraire que thématique, un rendu profond et prometteur nous attendait sur le plateau. Contre toute attente, le texte ne s’entendait pas, et n’a pas résonné. La rédaction d’Arlyo a eu le texte sous les yeux et salue le travail qui a été fait : une forme versifiée, alternant avec des passages en prose qui évoquent la maladie, et qui perturbent l’apaisement installé par les vers, comme la maladie qui viendrait perturber le fleuve tranquille de la vie… Mais ce n’est pas ce qui s’est entendu sur le plateau. Un homme – on ne sait pas qui il est vraiment -, interprété par Hubertus Biermann, raconte l’histoire de ces deux enfants. Ce qui suggère une prise de distance par rapport à la maladie et aux personnages évoqués. Le choix d’une distance est renforcé par l’utilisation du micro – qui crée une voix fabriquée – cependant, quelques mots nous échappent à plusieurs reprises… La voix est sacralisée jusqu’à rendre chaque mot dramatique (même quand il s’agit de raconter que la petite fille ne portait pas de jeans). Quant au choix du ton – qui reste le même pendant toute la représentation – il rend le texte monolithique, sans relief.

On parle aussi d’association entre l’image et le son. Ce dernier reste quelques fois illustratif : pourquoi mettre des rires d’enfants lorsque le texte parle des enfants ? Et pour ce qui est du fond musical, il renforce le drame du récit qui est déjà porté par la voix du comédien et déresponsabilise par moment, le jeu du comédien.

La performance de Bérengère Vallet restera le coup de cœur d’Arlyo. Une toile géante en fond de scène qui semble se peindre seule. Des tableaux se succèdent, se remplacent, sans jamais s’effacer. On passe d’un amas de traits noirs pour arriver à un monstre marin qui finira par engloutir le corps du malade.