L’upcycling, le recyclage créatif

Avez-vous déjà entendu parler d’ « upcycling » ? Si ce terme anglo-saxon est à la mode, peu de gens savent réellement ce qui se cache derrière…
En guise de définition, nous pouvons dire que l’upcycling consiste à récupérer des matériaux destinés à être jetés, pour les transformer en objets plus beaux et à l’utilisation différente de celle d’origine. C’est donc un recyclage vers le haut, d’où le préfixe anglais « up ».
Cette tendance est née dans les pays en voie de développement, où réutiliser les objets est indispensable lorsqu’on n’a pas la possibilité d’acheter tout ce que l’on souhaite. Elle est ensuite passée aux pays développés, qui eux y voient surtout une solution alternative à la société de surconsommation.
Donner une seconde vie aux objets est non seulement bénéfique pour l’environnement, mais est également un concept de création très apprécié par les artistes. Ils y voient l’occasion de laisser s’exprimer leur imagination pour aboutir à des créations toujours plus utiles et originales.
Aujourd’hui, nous allons nous intéresser à quelques créateurs de mode lyonnais qui pratiquent l’upcycling et que nous avons rencontrés.

C’est à Vaulx-en-Velin que la designer Marie Imberton a fondé en 2006 la marque Reversible, qui est rapidement devenue une référence de l’upcycling en France. Leurs matières premières sont, par exemple, des bâches publicitaires, des chutes de production de sols vinyles, des sacs de grains de café, et le plus épatant : des ballons de basket, de foot et de rugby. À partir de cela sont réalisés sacs, accessoires et objets design. La réalisation est sous-traitée par trois ateliers de fabrication, tous situés dans la région, pour répondre au souhait de Marie de limiter au maximum l’impact environnemental.

D’autres artistes moins connus pratiquent également l’upcycling. On pense, par exemple, à Meredyth Ailloud qui a créé sa marque Paga Bags il y a moins d’un an. Depuis Lyon (plus précisément Rillieux-la-Pape), Meredyth se charge du design et envoie ensuite ses consignes aux associations avec lesquelles elle travaille au Burkina Faso. Ce sont ainsi des femmes burkinabées qui s’occupent de la réalisation. Elles créent principalement des sacs, à partir de sacs en plastique ramassés, lavés, puis tissés avec du coton. Paga Bags est engagée tant au niveau écologique que social, puisqu’elle garantit un travail à ces femmes désœuvrées lorsque se termine la saison des récoltes. Sur le plan esthétique, tissus originaux et colorés garantis ! Parmi les créations, on trouvera aussi quelques bijoux, dont les perles sont faites à partir de sangles de tongs en plastique coupées en petits morceaux, mis sur brochette, fondus puis colorés.

Jean-Marc Attia était cadre lorsqu’il a tout quitté en 2009 pour « donner un sens humain, responsable, durable à ses activités professionnelles ». C’est ainsi qu’il lance la marque Marron Rouge et commence à travailler avec des ONG en Inde pour fabriquer ses accessoires de mode. Il conçoit, par exemple, des sacs en étiquettes de jeans et en pneu de vélo, des pochettes à partir de mètres de couturière colorés, ou encore des chaussures en chambre à air et toile de parachute.

Après les accessoires, voici les vêtements. La marque Bao, initiée par Mélanie Sola, consiste à créer des vêtements pour bébés pleins de sens et d’histoire. Le principe est que chaque habit est coupé dans un vêtement déjà porté des années 50 à 60. Pour cela, Mélanie se fournit dans des centres de tri textiles, notamment Le Relais (du groupe Emmaüs) : « Les vêtements qu’on y trouve ont encore une qualité exceptionnelle. » Puis elle se charge des coupes, avant de passer la main à des ateliers de fabrication de la région. Avec les chutes sont réalisés de petits accessoires tels que des pochettes ou des badges. Notez par ailleurs que si vous avez une attache sentimentale avec un vêtement que vous ne portez plus, vous pouvez lui donner une seconde vie grâce à Mélanie qui le transformera en un vêtement pour votre bébé.

L’upcycling marque les prémices d’une démarche d’éducation écologique : il s’agit de faire comprendre, notamment aux plus jeunes, que les matériaux ne sont pas illimités, qu’on ne peut pas se permettre de jeter dès que quelque chose est un peu abimé. Mais le principal problème, que ces quatre créateurs partagent, c’est une barrière économique. On peut penser que recycler est facile, mais ce serait oublier tout le travail de prétraitement des matériaux, c’est-à-dire le nettoyage, qui est une tâche extrêmement fastidieuse. C’est la raison principale d’un coût final qui peut sembler élevé pour un objet recyclé. Cependant, on a la garantie de posséder une pièce unique, et surtout de faire un acte engagé en préférant prolonger la vie d’un objet existant plutôt qu’en acheter un neuf. Vous ne pensez pas que cela en vaut la peine ?