The Dark Knight Rises : la conclusion d’un auteur controversé

Le film possède donc un rythme impressionnant. L’intensité des enjeux et des émotions que peuvent procurer le récit est tout à fait palpable. On peut y déceler un manque de respiration. Plausible quand on sait que le film a pour but à la fois de maintenir en haleine et de proposer des rebondissements de façon métronomique. Pas totalement vrai néanmoins, car le film repose aussi sur des moments de faux calme (la discussion tendue et tendre à la fois de Wayne et d’Alfred, les rapports entre Wayne et les prisonniers qui le soignent…).

Et Nolan montre également qu’il croit toujours autant à ses personnages. On pouvait craindre la présence d’Anne Hathaway en Catwoman. Or, non seulement l’actrice est suffisamment crédible mais son personnage n’est jamais identifiée par son patronyme. Participant ainsi à cette volonté de renforcement « réaliste ». Mais aussi de l’effacement du célèbre jeu du chat et de la (chauve) souris, que l’on peut un tantinet regretter. Le jeune policier Blake (excellent Joseph Gordon-Levitt) a pour lui un traitement à la fois simple et complexe. Miranda Tate (Marion Cotillard) a une double place dans le récit (même si cela est amené un peu maladroitement). Quant à Bane, il bénéficie de la présence athlétique de Tom Hardy, acteur décidément intéressant. Néanmoins, le Joker, génialement incarné par le regretté Heath Ledger dans le second film, remporte tout de même la catégorie du méchant le plus impressionnant et le plus instable. L’interaction des personnages et la dichotomie scénaristique qui s’ensuit fonctionne assez brillamment tout au long du film, faisant de ce dernier une œuvre bien menée, même si on peut avoir l’impression d’une certaine confusion (ce qui n’est pas le cas).

Conclusion

On le répète, mais les défauts « nolaniens » y sont toujours présents. Si le cinéaste n’a pas le talent pour croire en la seule puissance de ses images, il m’est impossible de placer le réalisateur dans la série des faiseurs cyniques (les Mark Steven Johnson, les Favreau, les Tim Story, les Whedon et autres pollueurs du genre). Il prend au sérieux ses sujets car il croit à ses personnages, à leurs ambitions et à leurs failles.

Et il n’oublie pas d’immortaliser durablement son héros et son statut de super en convoquant l’image d’une explosion climax se reflétant sur les vitres desquelles se trouvent les yeux d’une jeune génération prête à toujours croire à l’utilité vitale de ses personnages hors du commun qui cultivent notre imaginaire.

Le spectacle est quand même total, au final, surtout dans son fond. Et le film termine bien ce que Nolan a commencé. Il faut saluer la cohérence d’une vision tripartite sur ce personnage de Batman qui prend encore une nouvelle dimension.