The Grand Budapest Hotel

Le 18 février dernier, le Comœdia accueillait l’avant-première du film The Grand Budapest Hotel en présence du réalisateur Wes Anderson, à qui nous devons par exemple La Vie aquatique ou Moonrise Kingdom.

Revenons donc (tardivement) sur ce film, encensé par la critique, qui a connu un fort succès dans les salles lyonnaises.

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Pour commencer, et pour comprendre pourquoi cette production est si spéciale, il faut d’abord s’intéresser au style de Wes Anderson et à son œuvre. Il est l’un de ces réalisateurs dont on reconnaît le travail au premier coup d’œil, à l’instar de Tarantino, Jim Jarmusch ou Bertrand Blier. En effet, le cinéaste se démarque par ses dialogues décalés, ses histoires souvent loufoques, mais surtout une identité visuelle qui lui est propre. C’est sur cet aspect-là que Wes Anderson, véritable autodidacte qui n’a aucune formation cinématographique, sort du lot. Une réalisation ultracolorée, très méticuleuse, faite de plans séquences (souvent au ralenti) et de plans fixes superbes et sublimés par une mise en scène intelligente remplie de clins d’œil. The Grand Budapest Hotel n’échappe pas à la règle, et le réalisateur semble même vouloir simplifier, épurer son travail de l’image. La musique prend aussi une place centrale dans son œuvre et notamment la musique française, comme Françoise Hardy dans Moonrise Kingdom ou Joe Dassin dans The Darjeeling Limited avec ce grand final sur Les Champs-Élysées.

Encore une fois, Anderson s’entoure de son équipe de choc, présente depuis ses débuts, composée notamment de Bill Murray, Adrien Brody, Owen Wilson, Jeff Goldblum, Willem Dafoe et j’en passe. Petit plus, on retrouve également dans ce long métrage Harvey Keitel, Edward Norton et Jude Law, ainsi que les deux Français Mathieu Amalric et Léa Seydoux (cocorico !). Les plus grands se battent pour un petit rôle dans ses films qui ont permis à certains tel Murray de retrouver une seconde jeunesse et à d’autres de se faire connaître. Cette faculté surprenante qu’il a de transformer les acteurs force le respect. Ils sont en effet toujours tirés à quatre épingles, costumés de manière souvent grotesque, jouant des personnages à l’humour débordant qui semblent sortir d’un conte. Un cinéma qui nous replonge donc agréablement dans notre enfance à travers ces histoires pleines de vie, de couleurs et de rêves.

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The Grand Budapest Hotel nous raconte l’histoire de M. Gustave (magnifiquement interprété par Ralph Fiennes), un concierge qui reçoit d’une vieille cliente fortunée un tableau en guise d’héritage. Furieux de cette décision, son fils décide de ne pas le laisser faire, ce qui forcera M. Gustave, accompagné de son Lobby Boy, à voler ce qui lui revient de droit. L’histoire nous raconte cette course-poursuite entre ces deux hommes et la police, mais aussi leur enquête sur l’assassinat présumée de la vieille dame, toujours de manière décalée, sans jamais s’embarrasser avec un réalisme jugé superficiel par le réalisateur. Le rythme, très soutenu, fait défiler les situations burlesques très drôles, toutes nécessaires à l’intrigue complexe. Comme d’habitude chez Wes Anderson, ce film se veut simplement beau et a pour unique but de nous faire oublier le reste en nous plongeant dans son univers.