Le premier théâtre de France dédié à l’improvisation

L’Improvidence… ce nom ne vous dit peut-être encore rien, mais parions que d’ici quelques mois, tout lyonnais qui se respecte en aura entendu du bien.

Ce tout jeune théâtre, officiellement inauguré le 2 octobre 2014 seulement, peut déjà se targuer d’avoir séduit quelques 5000 spectateurs… et d’afficher quasiment salle comble un soir de semaine. Bon, je vous l’accorde, on ne parle pas d’une salle de deux cent personnes, mais beaucoup envieraient tout de même ce succès fulgurant. À vrai dire, rien ne laisse penser que ce théâtre n’a ouvert que depuis quelques mois. Programmation hétéroclite et pleine a craquer, espace chaleureux, site internet et communication aux petits oignons… en somme, les ingrédients de base de la réussite, auxquels il faut ajouter, il est vrai, deux éléments essentiels : la passion et le talent.
L’Improvidence est un concept unique, et c’est ici, à Lyon, au 6 rue de Chaponnay, que l’on trouve en ses murs, le premier lieu de France uniquement dédié à l’improvisation, et ce, sous toutes ses formes. Si un certain nombre de spectateurs sont familiers des « matchs d’impro », ils sont moins coutumiers des « long form », « show d’impro » ou autres « Harold » ! Autant de formes différentes d’improvisations à découvrir d’urgence. Les trois fondateurs du théâtre, Thomas Debray, Péroline Drevon et Mélinda Nouette (championne du monde d’impro 2011), partagent l’envie commune de faire découvrir les multiples facettes de cet art un peu oublié un France, mais qui fait figure d’institution dans d’autres pays, les États-Unis en tête. L’équipe partage aussi des valeurs chères à l’improvisation : la générosité, le partage… et si des troupes professionnelles performent les jeudis, vendredis et samedis, ce sont des troupes amateurs qu’ils accueillent chaque mardi et mercredi. L’autre spécificité du lieu, c’est la tenue, tous les dimanches, d’une soirée de « Catch Impro », c’est à dire un tournoi dans lequel entre en lice plusieurs duos d’improvisateurs qui se rencontrent semaine après semaine pour un combat d’improvisation de haute voltige, et dont le jugement final est évidemment remis entre les mains du public.

Fin mars, Arlyo Mag s’est justement déplacé pour assister à la représentation d’une de ces troupes amateurs. Autant vous dire que parler d’un spectacle d’improvisation n’est pas une tâche aisée, puisque ce qu’il s’est joué ce soir là, ce qu’il s’est partagé entre les acteurs de La Bande Originale et le public venu assister à leur show d’impro « Hôtel », ne se jouera jamais plus, enfin, jamais plus tout à fait de la même façon… C’est la beauté, et le risque, de l’improvisation : chaque représentation est authentiquement unique. Si vous décidez de tenter l’expérience le 26 mai prochain, tenez-vous prêt à une immersion totale dès le franchissement de la porte du théâtre, où le groom de l’hôtel vous accueille et où vous comprenez rapidement que l’expérience sera interactive, ou ne sera pas ! Vous serez guidés par ce personnage fantasque qui sert de fil rouge et de lien entre le public et l’imagination débordante des comédiens. Le jeu fait mouche et vous transporte dans un patchwork d’histoires et de personnages tantôt tendres, tantôt furieusement drôles, bien qu’il faille avouer que certains acteurs sortent plus leur épingle du jeu que d’autres… L’improvisation, je le disais plus haut, c’est aussi le risque d’une scénette ou deux qui ne prennent pas, ou moins, au gré de l’inspiration. Mais si l’on se met quelques instants à la place de l’improvisateur, que l’on imagine le trac qui peut l’habiter à l’idée de ne pas connaître à l’avance le moindre mot qu’il va pourtant devoir prononcer sans hésitation, sa mise en danger tout au long de la pièce… la difficulté de l’exercice, et sa réussite, forcent l’admiration. Les rires contagieux ont témoigné ce soir-là d’une salle comblée, peut-être même un peu trop, jusqu’à s’être sentie frustrée quand le spectacle a pris fin, pourtant au bout d’une bonne heure et demie de show. Première réussie !

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Yoann Clayeux

Fraichement débarqué dans l'association en 2014, passé par la rubrique Théâtre et la correction d'articles, avant d'occuper le poste de Rédacteur en chef pendant près de deux saisons, j'ai depuis cédé ma place pour revenir à l'écriture d'articles en dilettante.