La vie après le Ballet : la reconversion des danseurs de l’Opéra de Lyon

La carrière des danseurs du Ballet de l’Opéra de Lyon ne dure pas plus de cinq années, au terme desquelles ils doivent se reconvertir. Cette question constitue pour eux une source d’angoisse et se pose au quotidien.

En mai dernier, j’ai eu la chance d’assister, sous la verrière de l’Opéra de Lyon, à une répétition du spectacle Première !, dirigée par trois danseurs du Ballet qui s’improvisent alors chorégraphes. Pendant les échanges qui ont suivi, demander aux danseurs ce qu’ils comptaient faire après l’Opéra m’a valu quelques soupirs.

SAMSUNG DIGITAL CAMERA

Tadayoshi Kokeguchi dirige une des trois chorégraphies du spectacle. Le métier de chorégraphe est, pour lui, intimement lié à celui de danseur ; les deux sont inscrits dans le même processus de création, et il n’envisage pas de pratiquer l’un sans l’autre. Il faut cependant garder à l’esprit que seuls certains d’entre eux envisagent de chorégraphier après avoir pratiqué. Les deux métiers ne requièrent pas les mêmes compétences et il serait illusoire de voir dans la chorégraphie un passage obligé après le Ballet.

Pourquoi pas l’enseignement alors ? Selon Caelyn, « tout le monde ne peut pas être prof » et tous ne le veulent pas non plus. De même que la chorégraphie n’intéresse que certains, enseigner la danse ne semble pas faire partie des projets d’avenir de tous les danseurs.

SAMSUNG DIGITAL CAMERA

Pour eux, la danse est une passion, et faire partie du Ballet de l’Opéra de Lyon leur permet de vivre de ce qu’ils aiment le plus. Ils préfèrent donc ne pas penser à la suite, mais avouent profiter de ces moments, se sentant privilégiés d’exercer dans les excellentes conditions de l’Opéra.

Malgré cet enthousiasme débordant, les danseurs souffrent. La fatigue provoquée par un travail physique intense et incessant tire sur les corps, parfois jusqu’à la rupture. Certains doivent alors se retirer définitivement du circuit. Leur implication dans le Ballet ne s’arrête cependant pas forcément là, puisque d’autres, comme Annabelle, choisissent de revenir, parfois des années plus tard, pour offrir la perspective d’un regard extérieur aux chorégraphes, et des conseils expérimentés aux jeunes danseurs.