What will have been : la déception face à un potentiel mal exploité

C’est un spectacle prometteur que nous a proposé l’espace Albert Camus qui a accueilli la compagnie australienne Circa pour sa création « What will have been ». Malheureusement, la déception était au rendez-vous. Critique tout à fait subjective d’un spectacle qui avait tout pour plaire. 

Des acrobates talentueux, un violoniste jouant en direct, des prouesses circassiennes, l’intense récit d’un triangle amoureux : telles sont les promesses qui annonçaient un spectacle époustouflant. S’il ne fut finalement pas à la hauteur de mes espérances, il n’est pas pour autant question de remettre en cause le potentiel des trois interprètes qui est indubitable.

Une puissance exhibée

Les quelques ratés dans leurs acrobaties, au vu de la performance physique demandée, n’ont fait que les rendre humains. Toutefois, ce qui m’a gêné provient de cette impression de démonstration de force qui se dégage de la multiplication des acrobaties, enchaînées sans cohérence.

En effet, la puissance des artistes, autant masculins que féminin, et à un niveau qui semblait égal, était exposée sans apport sentimental. On comprend bien qu’il s’agit de conter un triangle amoureux impossible, mais les sentiments des protagonistes ne se sont pas fait ressentir. Par ailleurs, les transitions semblaient absentes, passant d’une scène à l’autre sans harmonie.

L’incohérence musicale

Alors que la représentation bénéficiait d’un violoniste jouant en direct sur scène, pureté musicale apportant a priori une intensité nouvelle à la performance, il n’en est pas fait profit. Cet atout demandait davantage de précision et d’émotion, de lenteur et de volupté, notamment du fait du choix des morceaux joués, ce qui ne fut pas le cas. Et lorsque le violon était absent, ayant servi de support musical à seulement trois scènes, la musique était quasi systématiquement inadaptée à la scène qui se déroulait.

Un final à la hauteur du potentiel artistique

Toute ma déception se transforma en frustration quand, lors de la scène finale, je découvris une performance combinant toutes les attentes éveillées par la présentation de la pièce. Le projecteur braqué sur la contorsionniste Lauren Herley dont la chorégraphie sensuelle et harmonieuse donna des frissons, tant pour sa performance physique qu’émotionnelle, la scène émerveilla par sa justesse. Rejointe par les deux autres interprètes masculins, on saisit enfin toute l’intensité qui émane du triangle amoureux.

Si le spectacle m’a déçu, c’est qu’il annonçait une intensité toute autre, qui s’est bel et bien retrouvée dans les prouesses physiques, mais qui était absente du récit amoureux conté à travers le ballet. Le potentiel est pourtant indéniable, la scène finale en étant la preuve si tant est qu’elle fut nécessaire, mais il n’a pas su, à mon sens, être exploité à la hauteur des promesses de la représentation.