Zaï Zaï Zaï Zaï, une pièce de théâtre radiophonique

Le théâtre des Célestins accueille du 18 au 29 décembre la pièce de théâtre Zaï Zaï Zaï Zaï, adaptée de la bande dessinée de Fabrice Caro, dit Fabcaro.

Ce spectacle de la compagnie du Théâtre de L’Argument, mis en scène par Paul Moulin et adapté par Maïa Sandoz, prend la forme d’une fiction radiophonique en public. Pendant moins d’une heure, huit comédiens, alignés devant des micros, interprètent les personnages et bruitages du récit burlesque de Fabcaro. Les comédiens réussissent la performance de rendre audible avec justesse les 66 planches de Zaï Zaï Zaï Zaï. Le spectateur est ainsi plongé dans le génie comique et satirique de Fabcaro. Le son est prédominant et il permet au public de se représenter les scènes, les décors et les personnages; à la manière d’un dessinateur de BD.

Une histoire absurde sur fond de critique sociale

Fabrice est à la caisse du supermarché lorsqu’il se rend compte qu’il a oublié sa carte de fidélité. Grave erreur pour cet auteur de BD ! En effet, il a laissé sa carte de fidélité dans son autre pantalon. La caissière, apeurée, appelle alors le service de sécurité. Le vigile demande au jeune homme de le suivre, mais ce dernier refuse et le menace avec un poireau. Fabrice prend la fuite en courant. La police arrive sur les lieux du crime et se met activement à la recherche du dangereux fugitif. Puis, l’affaire est accaparée par les journalistes, des envoyés spéciaux sont dépêchés et des débats entre spécialistes se multiplient. Fabrice est devenu l’ennemi public n°1 ! Le sujet alimente la polémique et divise la société. Ainsi, cette farce sous forme de road-trip raconte la traque de Fabrice, un jeune père de famille et auteur de BD, ayant commis l’irréparable en refusant de montrer sa carte de fidélité au supermarché. A travers ce récit déjanté, Fabcaro critique notre société en y dénonçant entre autres le système médiatique, les politiciens, le racisme ordinaire, la paranoïa sécuritaire et le conformisme. Tout le monde en prend pour son grade dans ce délire humoristique : les journalistes, les politiciens, les policiers, les ados, les artistes bien pensants, les théoriciens du complot et même les auteurs de BD.

Une adaptation théâtrale radiophonique réussie

Cette pièce radiophonique de la compagnie du Théâtre de L’Argument sublime le récit burlesque et satirique de la BD de Fabcaro. Paradoxalement, le son rend cette œuvre dramaturgique davantage visible. Seuls des objets de bruitages, un pupitre, une perche son, une guitare, des micros et deux tables sont sur scène. Par ailleurs, les comédiens incarnent à merveille les personnages et les situations avec des voix et bruitages aussi caricaturaux que pertinents. C’est drôle, réfléchi et finement vu. Les spectateurs semblent conquis à en écouter les rires lors de l’enregistrement et les longs applaudissements à la fin. Zaï Zaï Zaï Zaï, critique sociale désopilante, est à découvrir aux Célestins jusqu’au 29 décembre.