Tristan Lopin ou l’art d’être drôle maintenant tout de suite

Humoriste et comédien, Tristan Lopin s’est fait connaître par des pastilles vidéo cinglantes et speed sur sa vie, sur la vie, sur l’actualité et sur ses copines déprimées. Il est de passage à Lyon avec son spectacle Dépendance affective le 8 février, et nous en avons profité pour discuter avec ce talent à suivre de la scène française.

À l’origine

Tristan Lopin se révélait d’abord un amoureux d’image qui rêvait de devenir réalisateur. « Je voulais faire des films, mais surtout des films tristes ! Je n’étais pas très branché comédie. J’ai réalisé deux films, et j’ai découvert qu’il fallait toujours être très entouré, et c’était frustrant de ne pas pouvoir tout maîtriser. C’est Bérengère Krief, sur un tournage, qui m’a conseillé de monter sur scène. Et quand j’ai commencé à prendre des cours et à jouer mes textes, ça a été hypernaturel. C’était aussi moins un fardeau, puisque c’était mon travail, mon texte, sans personne autour. »

De là naît le spectacle Dépendance affective. Et avec lui, une jolie communauté, acquise notamment grâce à des pastilles vidéo tantôt quotidiennes, tantôt engagées. Courtes et dans l’air du temps, elles constituent un joli terrain d’expérimentation. « Les vidéos sont nées après le spectacle, pour en faire la promo. J’y joue avec mon kit main libre, à parler à mes copines. Après, aucun personnage qu’on voit dans les vidéos n’a atterri sur scène, même si le spectacle a pas mal évolué avec le temps. » Évolution qui se ressent aussi chez ses spectateurs. « À la base, il y avait pas mal de filles jeunes dans le public, et au fur et à mesure, grâce à un bon bouche à oreille, un public plus varié et plus âgé a appris à me connaître. Forcément, l’énergie et les réactions sont différentes… »

L’écriture et la vraie vie

Dépendance affective, c’est une histoire de rupture, une vieille rupture qui ne passe pas. Celle d’un personnage coloré, moderne, bourré d’énergie. Presque fidèle au vrai Tristan Lopin, d’après le principal intéressé. « C’est un personnage relativement proche de moi. Mais c’est quand même une version exacerbée, super énergique, de moi-même. Si j’étais comme ça au naturel, je me fatiguerais ! Il faut trouver le juste milieu entre le décalage et la vérité. Parce qu’en vrai, on écrit toujours à partir de soi. C’est difficile d’écrire un personnage crédible en partant de zéro. En faisant ça, on risque de tomber dans la caricature et de moins toucher les gens. »

Celui qui cite Les Nuls, Elie Kakou, Les Inconnus ou Florence Foresti comme influences cultive son personnage dans un univers visuel à l’image de son énergie. « Je voulais quelque chose d’un peu 90’s. J’en avais marre des affiches de spectacle sérieuses, toutes identiques, où l’on regarde l’objectif. J’avais envie d’un univers sucré et frais, mais qui pique la langue en même temps. »

Engagement et réseaux sociaux

Avec Tristan Lopin, on parle d’humour et d’écriture, mais on peut aussi s’arrêter sur l’engagement. Sur les réseaux sociaux et dans ses pastilles vidéo, le comédien s’attarde fréquemment sur des sujets de société, que ce soit l’environnement, l’homophobie ou le sexisme. « Je parle des thématiques qui me touchent, auxquelles je suis sensible. Quand on a des gens qui nous suivent, et un peu de visibilité, je trouve que c’est important de transmettre des valeurs. » Ce qui nous pousse à parler de la place de l’engagement pour les artistes. « Je trouve ça un peu facile d’être provoc sur scène avec un public déjà acquis, mais de ne jamais prendre parti pour rien. Et même avec la place qu’ont prise les réseaux sociaux, je ne trouve pas qu’ils soient vraiment un lieu d’engagement, ou que s’engager soit à la mode. »

Et comment dissocie-t-on vraie vie et réseaux sociaux, quand on est un artiste très présent sur ces plateformes ? « Il faut arriver à se déconnecter sur des plages horaires précises pour écrire et travailler sans être tout le temps sollicité. Il faut arriver à être présent sans être l’esclave des échanges sur les réseaux sociaux. Dans une société où il se passe énormément de choses, on a besoin de lien, d’échange, donc j’essaie de lire et de répondre à tous les messages que je reçois. Mais j’ai de plus en plus de facilité à dire “non” aux sollicitations aussi. »

Après la tournée du spectacle et son livre Ma psy préfère mon ex, sorti en 2018, on verra ce qui attend le comédien. Ce que l’on sait, c’est les sujets qui accompagnent et accompagneront sûrement le jeune homme. « C’est génial d’avoir un public qui déjoue les clichés. À l’origine, on a dit que mon spectacle serait un spectacle gay… Puis qu’il serait un spectacle de meufs. Au final, j’ai des retours de toutes sortes et un public de plus en plus grand. Parce que si les nanas parlent plus facilement d’elles, les chagrins d’amour et les sentiments, ça touche tout le monde. »

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